A l'énoncé du jugement le condamnant à trois ans prison dont un an ferme, Charles Pasqua est absent du tribunal correctionnel de Paris. Mais quelques heures plus tard, sur le plateau du journal télévisé de France 2, il est bien là cette fois pour dénoncer « un procès conduit, dit-il de manière inéquitable... et un verdict incompréhensible ». Un Charles Pasqua décidé à ne pas « rendre les armes » qui a d'abord confirmé qu'il allait faire appel.
Puis, comme souvent la meilleure défense, c'est l'attaque, l'ancien ministre de l'Intérieur s'est déplacé sur un terrain plus politique, menaçant à mots à peine couverts: « Le président de la République était au courant de ces ventes d'armes à l'Angola... le Premier ministre était au courant... la plupart des ministres aussi ». « Je crois, a-t-il ajouté, que le moment est venu de mettre les choses au clair ».
Un sous-entendu qui ne souffre guère d'ambiguïté. Pas question de payer pour les autres. D'où sa demande adressée à l'actuel président de la République de lever le secret-défense.L'homme de réseaux, de tous les réseaux, collectionne les casseroles. Dans les prochains mois, il doit comparaître devant la Cour de justice de la République dans trois dossiers différents de corruption et d'abus de biens sociaux.
Mais pour l'heure, Charles Pasqua, qui bénéficie encore de son immunité parlementaire de sénateur, n'est jamais passé par la case prison. Il n'a pas l'intention de commencer, à quatre-vingt deux ans.