En choisissant Cotonou pour lancer son appel contre le trafic de faux médicaments, Jacques Chirac met de son côté au moins trois chances d’être entendu.
D’abord, dans la pure tradition gaullienne, il lance un de ces appels dont il  a le secret.
Ensuite, la capitale du Bénin est située à une trentaine de kilomètres du  Nigeria. A cette frontière de la Zone franc, la pression de la contrebande est  telle que les efforts des autorités béninoises pour lui tordre le cou n’ont  jamais eu raison d’elle, notamment la contrebande de faux médicaments.
Enfin, Cotonou s’enorgueillit de son laboratoire de pointe pour le contrôle  de la qualité des médicaments. « Il faut dire qu’avec un chiffre d’affaires  de 45 milliards d’euros, estime l’OMS (Organisation mondiale de la santé),  le trafic de médicaments frelatés pèse désormais 10% du marché pharmaceutique  mondial. Une cote d’alerte responsable, selon l’OMS, de ceux cent mille  décès par an ».
En Afrique, les ravages sont alarmants. Des ampoules de vaccin remplies d’eau  distillée qui ne vaccinent rien du tout aux gélules garnies d’amidon en lieu et  place de l’antibiotique indispensable à la guérison, les médicaments falsifiés y  font des ravages et la fortune de truands qui engrangent des profits supérieurs  à ceux du trafic de drogue.
C’est donc un appel à la mobilisation internationale qui est lancé à Cotonou  pour châtier ces semeurs de morts, renforcer et harmoniser le contrôle de  qualité des médicaments et sensibiliser le public à cette priorité mondiale. Jacques Chirac propose, par ailleurs, la tenue d'une conférence internationale sur ce sujet,  qui constitue selon lui « une urgence de santé publique ».