Indonésie: un chef islamiste arrêté pour des prêches en pleine épidémie de Covid-19

En mars 2020, le ministre de la Santé indonésien assurait lui-même que les prières des Indonésiens protégeraient le pays. Dix mois plus tard, si les autorités ont changé de perspective, ce n’est pas le cas d’un sulfureux prêcheur, emprisonné après avoir organisé des rassemblements de dizaines de milliers de personnes.

Avec notre correspondante en Asie du Sud-Est, Gabrielle Maréchaux

En Indonésie la ferveur religieuse est parfois plus forte que la peur du coronavirus. En novembre, il n’avait pas fallu longtemps à Rizieq Shihab pour faire parler de lui. De retour d’exil en Arabie saoudite, l’homme avait été accueilli par des dizaines de milliers de fidèles à l’aéroport de Jakarta. Des dizaines de ces fidèles avaient par la suite été testées positives au Covid-19, et la police avait plusieurs fois convoqué Rizieq Shihab pour l'interroger.

Milliers de fidèles

Dans les semaines qui suivent, le mariage de sa fille, l’anniversaire du prophète mais aussi des prêches sont pour lui de nouvelles occasions de fédérer des milliers de fidèles, alors même que l’Indonésie ne parvient toujours pas à endiguer une très longue première vague de coronavirus, et qu’à Jakarta, les autorités doivent construire de nouveaux cimetières car tous ceux qui existent déjà sont pleins. 

Début décembre, l’obstination du Shibab, à la tête du Front des défenseurs de l’islam (FPI), a même fait des morts : six de ses partisans armés de sabre et de révolver sont tués dans une altercation avec les forces de police. Accusé alors d’incitation à des actes criminels et de violations du protocole sanitaire, le prêcheur s'est rendu lui-même à la police le 12 décembre et a été officiellement arrêté dimanche. 

« Révolution morale »

La dernière fois que cet homme, qui appelle à la « révolution morale », avait été inquiété par la police indonésienne c’était en 2017. Il était suspecté d’avoir partagé des contenus pornographiques et avait fui vers l’Arabie saoudite. 

Il attend à présent son verdict derrière les barreaux et risque six ans de prison pour violation des règles édictées contre le coronavirus. 

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