De notre correspondant à New Delhi,
Elle a recueilli 1,5 million de signatures. La pétition émane d’un ensemble de 204 associations, menées par l’Alliance du Tamil Nadou, et représentant les travailleurs informels et des ONG des droits de l’homme de 23 États indiens. Et elles viennent de présenter cette pétition qui alerte les autorités sur le fait que la chute radicale des revenus des travailleurs indiens, sans aucune compensation financière directe, fait des ravages : certains vendent leurs terres ou leur maison, d’autres empruntent à des taux exorbitants, et si cela continue, les associations craignent que cet appauvrissement n'entraîne une augmentation du travail des enfants, de situations d’esclavage ou de traite d’êtres humains. Elles demandent donc une chose : le versement de 6 000 roupies par mois, soit 70 euros, pendant quatre mois, aux familles les plus vulnérables.
Des aides directes nécessaires
Une aide qui apparaît comme nécessaire et parfaitement estimée, car cette somme représente 40% du revenu mensuel moyen d’un Indien, ce qui est dans la moyenne de ce que les pays à bas revenus ont offert à leur population, selon la Banque mondiale. L’Inde a pour l’instant mis en place deux plans d’aide qui consistent surtout en une extension de l’aide alimentaire et du système de travail sur les chantiers publics, ainsi que des aides aux entreprises.
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Mais très peu d’aides financières directes, et cela fait défaut, comme l’explique Amit Basole, professeur d’économie à l’université Azim Premji de Bangalore. « 70 à 80% des actifs indiens sont des travailleurs informels ou indépendants, et il est très difficile de les atteindre par des aides indirectes, explique-t-il. Les employés n’ont pas d’employeurs permanents à qui offrir une baisse de charges, et les indépendants n’ont pas un commerce enregistré qui pourrait recevoir des aides. Donc le seul moyen de les aider est d’offrir une aide financière directe aux ménages pauvres. »
Des dizaines de millions d’Indiens menacés de passer sous le seuil de pauvreté
Et c’est un moment crucial pour le faire. Car des dizaines, voire des centaines de millions d’Indiens pourraient tomber sous le seuil de pauvreté à cause de cette crise sanitaire. Mais, selon cet économiste, il est encore temps de l’éviter : tout dépendra de ce que le gouvernement fait dans les semaines qui viennent. Un problème demeurera toutefois : comment faire parvenir ces fonds aux familles dans le besoin. Il faut d’abord les identifier, ce qui est une tâche complexe dans un énorme pays à l’administration défaillante, et ensuite leur faire parvenir l’argent, quand beaucoup de familles pauvres n’ont pas de compte en banque ou habitent à des kilomètres de la première agence bancaire.