Avec notre correspondant à Taïwan, Adrien Simorre
Prise de température et masque obligatoire à l’entrée des isoloirs de la troisième ville du pays, Kaohsiung. La question posée aux quelques deux millions de votants est simple : « Êtes-vous pour la destitution de votre maire, Han Kuo-yu ? »
« Belles promesses »
Pour Lai Hui-qing, coiffeuse de 32 ans, le maire doit quitter son poste : « Il a fait beaucoup de belles promesses aux habitants lors de son élection, mais trois mois plus tard, il s’est présenté au scrutin présidentiel. Pour moi, c’est comme s’il avait abandonné les habitants. »
Homme politique sulfureux, abonné aux sorties misogynes, Han Kuo-yu inquiète aussi nombre de Taïwanais pour ses positions ambiguës face à Pékin. Nai Jia, 31 ans, a fait cinq heures de route depuis Taipei uniquement pour venir voter : « Nous voulons envoyer un message à la Chine, à Han Kuo-yu et au parti du Kuomintang pour leur dire que nous refusons qu'ils menacent notre démocratie et remettent en cause tout ce que l'ancienne génération a fait pour notre pays. »
Dans ce bureau de vote, aucun soutien au maire. Ce dernier a appelé ses supporters à boycotter le scrutin. Une consigne de vote insupportable pour madame Chen, 85 ans, qui a manifesté pour la démocratie taïwanaise dans les années 1990 : « Quand on était jeune, on a fait comme les Hongkongais aujourd’hui, on s’est battu pour obtenir la démocratie ; aujourd’hui, c’est donc très important de venir la défendre. »
Une première à Taïwan
La destitution du maire serait une première à Taïwan et une véritable déconvenue pour le camp du Parti nationaliste chinois. Les premiers résultats sont attendus dès le début de soirée.
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