Coronavirus: la Chine compte ses amis... et ses ennemis

Hong Kong a décidé de fermer ses ports et ses ponts avec le continent. L’inquiétude est donc toujours à son comble en Asie, alors qu’un certain agacement commence à poindre également à Pékin. On en a eu l’illustration notamment ce lundi quand les autorités chinoises ont accusé les États-Unis non seulement de ne pas leur avoir prêté assistance depuis le début de la crise. Mais en plus, d’avoir jeté de l’eau sur le feu.

Chose très rare de la part de la diplomatie chinoise, la porte-parole du ministère des Affaires étrangères à Pékin a semblé presque réclamer une interférence étrangère dans cette crise sanitaire, qui touche des dizaines de millions de Chinois, rapporte notre correspondant à Pékin, Stéphane Lagarde.

Une interférence positive, bien sûr, la Chine a besoin notamment d’équipements de protection, à commencer par des masques pour se prémunir du virus. Or c’est tout le contraire qu’a fait Washington, explique Hua Chunying : non seulement les États-Unis n’ont pas tendu la main, mais ils ont été les premiers à quitter le navire.

« Le gouvernement américain ne nous a pas fourni d’aide substantielle. Il a été le premier à évacuer le personnel de son consulat à Wuhan, le premier à suggérer le retrait partiel de ses diplomates à l’ambassade. Le premier encore à imposer une interdiction de voyager aux ressortissants chinois. »

Cette attitude a, selon Pékin, contribué à « répandre la peur » et même à « semer le chaos », écrit le Quotidien du Peuple sur son compte Twitter, Washington ayant été suivi depuis par de nombreuses capitales.

Le Pakistan et la Malaisie solidaires de la Chine

La diplomatie chinoise tente maintenant de renverser cette panique du virus en sonnant ses alliés. Ce lundi, le Pakistan a déclaré reprendre ses vols à destination et en provenance de la Chine. Autre pays qui se déclare solidaire de la Chine : la Malaisie, qui va envoyer des millions de paires de gants en latex.

Le nombre de morts est passé mardi matin à 425, après l'annonce de 64 nouveaux décès confirmés dans la province de Hubei, épicentre de l'épidémie. Et le total des personnes infectées était donc mardi matin de 20 400 au niveau national.

Le bilan de la maladie a dépassé lundi celui du SRAS en 2002-2003 en Chine continentale, qui avait fait 348 morts.

Résultat : après 10 jours de fermeture en raison des vacances pour le Nouvel An lunaire, les Bourses de Shanghai et de Shenzhen accusent le coup. Elles ont perdu autour de 8 % ce lundi à la clôture.

Hong Kong a décidé de fermer ses ports et ses ponts avec le continent

Dès minuit ce soir, les principaux postes frontières terrestres entre la Chine continentale et Hong Kong, notamment Lowu et Lok Ma Chau, seront fermés, rapporte notre correspondante à Hong Kong, Florence de Changy, ainsi que le terminal des ferries qui relient Hong Kong à Macao et à Shenzhen.

Il ne restera que la frontière de Shenzhen Bay et le grand pont qui relie Hong Kong à Zhuhai et Macao à travers le delta de la Rivière des perles. L’aéroport reste ouvert mais les vols à destination et en provenance de Chine ont déjà été diminués de moitié.

La cheffe de l'exécutif Carrie Lam a indiqué que cette nouvelle mesure permettrait améliorer les contrôles aux deux postes restant ouverts. Elle s’est toutefois défendue de céder à la pression des personnels hospitaliers qui ont fait grève aujourd’hui, en réclamant justement l’arrêt total des arrivées des visiteurs en provenance de Chine.

Ils estiment ne pas être assez nombreux pour faire face à l’épidémie si le nombre de malades continuent d’augmenter. « Si on n’arrête pas tout de suite l’arrivée de malades potentiels, on ne pourra tout simplement pas traiter tout le monde », a déclaré Winnie Yu, la porte-parole du nouveau syndicat qui s’est formé pour cette opération.

Même le plus grand parti pro-Pékin de Hongkong, le DAB, a soutenu ces demandes et a suggéré que tous les gens arrivant de Chine soient soumis à une quarantaine de deux semaines.

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