« Il y a encore une fenêtre pour partir », a déclaré la Première ministre de Nouvelle-Galles du Sud, Etat particulièrement touché par les feux, Gladys Berejiklian. « Si vous n'avez pas besoin d'être dans la zone, partez ! La fenêtre va se refermer. »
Des dizaines de milliers d'Australiens évacuent encore ce samedi leurs domiciles et le Premier ministre Scott Morrison a appelé 3 000 militaires réservistes à se déployer, une mobilisation sans précédent. « Cela permet d'avoir plus d'hommes sur le terrain, plus d'avions dans le ciel, plus de navires en mer », a affirmé M. Morrison, critiqué pour sa gestion de la crise. Vingt-trois personnes ont perdu la vie en raison des incendies.
A Nowra, una atmosphère de fin du monde
A Nowra, petite bourgade à 150 kilomètres de Sydney en Nouvelle-Galles du Sud, règne une atmosphère de fin du monde... Les rues sont désertes, seul le supermarché fait le plein, rapporte notre envoyée spéciale, Murielle Paradon. Les habitants, qui ont choisi de rester chez eux malgré les incendies, viennent faire leurs courses à la hâte pour faire des provisions, acheter de l’eau, essentiellement.
Sur les hauteurs de la ville, d’autres se sont rassemblés pour assister, hagards, à la progression des feux. Une épaisse colonne de fumée orangeâtre s’élève dans le ciel au-dessus de la rivière de Nowra et de ses collines. Un panorama d’habitude exceptionnel, mais qui prend des allures d’enfer, aujourd’hui. Certains ont dû fuir en urgence leur maison, se réfugiant, soit dans leurs familles, soit ici, sur les hauteurs de la ville, où se trouvent déjà quelques campeurs.
Un couple de personnes âgées qui a quitté sa maison dans la matinée, compte passer la nuit ici. Il a rempli ses deux voitures de nourriture, de couvertures, et avec un frigo il a de quoi tenir. Les habitants, surtout les anciens, disent tous qu’ils ont l’habitude de ces feux de forêt, mais que cette année, avec une sécheresse particulièrement dure, la situation n’a jamais été aussi critique.
Jack Egan n'a pas pu sauver sa maison
Toujours dans l’Etat de Nouvelle-Galles du Sud, à Rosedale, RFI a pu joindre Jack Egan, un ancien pompier volontaire. Il nous raconte qu'il n'a rien pu faire pour sauver sa maison, détruite par les flammes. « Ma compagne Cath s’est enfuie avec notre chien vers l’une des plages voisines. Elle a pu voir les flammes derrière elle. Je suis resté dans la maison. J’espérais pouvoir éteindre les braises avec notre équipement spécial pour éteindre les incendies. Mais la maison d’à côté a très vite été dévorée par les flammes qui ont ensuite gagné notre maison. La très forte chaleur m’a empêché d’approcher avec la lance. Et puis notre pompe à incendie a pris feu elle-même. Il n’y avait plus d’eau... Je suis parti à la recherche de ma compagne. Après quelques heures, nous nous sommes retrouvés avec joie, donc la perte de la maison n’avait pas grande importance comparé avec ces retrouvailles.»
Jack Egan qui dénonce aussi l’inaction du gouvernement australien face au changement climatique. « C’est à cause du réchauffement de la planète que la sécheresse est pire que d’habitude. Les feux sont dus à une sécheresse qui dure depuis beaucoup trop longtemps en Australie… Ce que l’on craignait pour l’avenir est en train de nous frapper de plein fouet, et nous mesurons à quel point c’est dangereux. Ces feux sont dus au réchauffement de la planète et au manque d’action de notre gouvernement et d’autres gouvernements depuis des décennies. Ces feux sont un signe précurseur, cela va s’empirer, cela va arriver plus souvent. Les incendies seront plus étendus et plus intenses. J’aimerais tellement que les responsables australiens, et toute l’Australie, se servent de la situation actuelle, de leur propre expérience de la sécheresse et des incendies pour attirer l’attention, et pour dire que tous les gouvernements du monde doivent absolument prendre des mesures plus ambitieuses et plus efficaces pour que cet avenir soit meilleur… et que les conséquences soient moins graves que ce qu’on pourrait imaginer. »