Avec notre correspondant à Taipei, Adrien Simorre
Ces travailleurs étrangers réclament au gouvernement taïwanais d’« abolir le système des brokers ». Dans leur viseur, les agences privées dont ils dépendent pour être employés à Taïwan.
Nguyen est venu du Vietnam. Il travaille douze heures par jour dans une usine. Sur sa joue, un monstre est dessiné. Il symbolise l’agence qui l’a fait venir à Taïwan. « Je dois payer des frais chaque mois à mon agence, mais elle ne fait rien pour moi. Quand j’ai des problèmes de santé, personne ne s’occupe de moi, personne ne m’emmène à l’hôpital. »
Depuis 30 ans, Taïwan a recours à une main-d’œuvre peu qualifiée dans les secteurs les plus ingrats de son économie. Aux premières lignes, les employés domestiques, exclus du Code du travail. Comme Francia, 41 ans, venue des Philippines. « On est au service de leur famille, de leur pays. Alors pourquoi est-ce que le Code du travail ne s'applique par pour nous ? C'est comme si on n'était pas des travailleurs, mais on est des travailleurs ! »
À Taïwan, les débats politiques sont monopolisés par la relation entre Taïwan et la Chine, au détriment des questions sociales. C’est en tout cas ce que pense Huang, Taïwanaise de 28 ans. « J’ai le sentiment que les Taïwanais ne s’intéressent pas tellement au droit du travail… Mais pour moi, ces questions sont plus importantes que la relation entre Taïwan et la Chine ».
À Taïwan, le gouvernement avance à petits pas sur ce dossier. Les avancées sont minces. « Il faut prendre en compte la loi du marché », avait expliqué l’an dernier le ministère du Travail.