Les autorités taïwanaises et plusieurs experts accusent la Chine de mener une campagne de désinformation massive sur les réseaux sociaux. Taïwan qui est toujours revendiqué par la Chine, mais a un gouvernement qui refuse tout rapprochement avec le parti communiste chinois. Selon un rapport de l’université de Gothenburg, en Suède, publié cette année, Taïwan est le territoire le plus visé dans le monde par les campagnes de désinformation chinoises.
À l’approche des élections de janvier 2020, ces campagnes visent la présidente actuelle Tsai Ing-wen, mais aussi tous les groupes qui défendent l’autonomie de Taïwan. Le parti d’opposition, le Kuomintang, nie en bloc toute implication… mais il en est bien sûr le premier bénéficiaire puisqu’il est défend un rapprochement avec la Chine.
L'attaque des bots
La Chine aurait recours à des milliers de faux comptes, mais aussi à des « bots » informatiques, ces petits logiciels capables de se faire passer pour des internautes. Le magazine américain Foreign Policy s’est par exemple penché sur l’un des principaux groupes Facebook de soutien au candidat de l’opposition.
Selon Foreign Policy, cette page aurait été créée par des comptes d’internautes localisés en Chine. Le groupe aurait ensuite utilisé les fonctionnalités payantes proposées par Facebook pour devenir virale. Une popularité ensuite utilisée pour relayer des messages favorables à la Chine.
Mais Pékin peut aussi compter sur plusieurs médias qui sont acquis à sa cause. C’est notamment le cas de toutes les rédactions détenues par le groupe Want Want China Times Media Group. Cette holding appartient à un homme d’affaires taïwanais, réputé proche du parti communiste chinois.
Selon une enquête du Financial Times parue durant l’été 2019, les responsables de ces médias reçoivent des appels quotidiens de la part de cadres du parti communiste chinois. Et toutes ces rédactions produisent évidemment du contenu sur internet.
Lutte difficile face au phénomène
Le gouvernement taïwanais a du mal à limiter le phénomène et il doit s’appuyer directement sur les réseaux sociaux et les moteurs de recherche.
Google a effectivement décidé de bannir toutes les annonces commerciales en lien avec les élections taïwanaises. Mais c’est un peu un pavé dans la mare puisqu’ici la majorité des Taïwanais utilisent Facebook. Et le groupe de Marc Zuckerberg refuse catégoriquement de suspendre les publications sponsorisées.
Le problème à Taïwan, c’est qu’en l’absence de véritable régulation, tous les bords politiques se mettent à produire des contenus partisans. Et le grand perdant, c’est bien sûr l’internaute taïwanais, pour qui l’accès à l’information vérifiée devient plus en plus compliqué.
►À lire aussi : Conflit avec Taïwan, la Chine fait pression sur les multinationales