De notre correspondant à Pékin, Stéphane Lagarde
C’est un double camouflet pour la diplomatie chinoise qui depuis le prix Vaclav Havel attribué à Ilham Tohti fin septembre ne cesse de dénoncer ce qu’elle considère comme un encouragement au séparatisme. Pour Pékin en effet, Ilham Tohti n’est pas seulement un économiste et géographe réputé, c’est aussi et surtout un activiste de la cause ouïghoure.
Laïc et modéré, le professeur Tohti a longtemps mis en avant le dialogue auprès de ses étudiants pour tenter de faire face à la montée des tensions au Xinjiang. Un message qui visiblement a été interprété différemment par la justice chinoise. Le 23 septembre 2014, à la suite d’un procès à huis clos qui a duré deux jours, Ilham Tohti était condamné à la prison à vie par le tribunal numéro 12 d’Urumqi après avoir été accusé de semer le trouble et la division entre l’ethnie majoritaire Han et la minorité musulmane de la région autonome ouïghoure.
Un jugement repris ce vendredi 25 octobre par l’une des porte-parole de la diplomatie chinoise qui a fustigé ce nouveau prix européen : « J’espère que l’Europe pourra respecter les affaires intérieures et la souveraineté judiciaire de la Chine, a martelé Hua Chunying, en évitant de donner du crédit à un « terroriste ».