Afghanistan: après une journée d'attentats, la présidentielle dans le viseur

L’Afghanistan endeuillé au lendemain d’une journée meurtrière. Au moins 48 personnes ont été tuées, des dizaines d’autres blessées dans deux attaques suicides revendiquées par les talibans ce mardi 17 septembre. La première a été perpétrée près d’un meeting électoral du président Ashraf Ghani dans la province de Parwan au nord de Kaboul. La seconde, au cœur de la capitale afghane, près du ministère afghan de la Défense. À dix jours du scrutin présidentiel, le pays fait face à un regain de violence après l’annulation par Donald Trump des négociations bilatérales avec les talibans pour mettre fin à 18 ans de conflit.

La campagne électorale est clairement dans le viseur des insurgés. Ils l’ont montré dès le premier jour de la campagne, le 28 juillet dernier. Les talibans s’étaient attaqués aux bureaux du mouvement politique d’Amrullah Saleh, ancien chef des services de renseignement et ancien ministre de l’Interieur, colistier du président Ashraf Ghani. Vingt personnes avaient été tuées dans cette attaque perpétrée à Kaboul.

Certains de ses militants, présents au meeting du président afghan touché par un attentat ce mardi 17 septembre, figurent d’ailleurs parmi les victimes. Cet attentat-suicide est le plus meurtrier perpétré contre la campagne électorale depuis son lancement. Quelques jours avant, une bombe avait explosé près du QG de campagne d’Ashraf Ghani à Jalalabad dans l’est de l’Afghanistan. Cette campagne se déroule sous haute tension. Plusieurs candidats ont d’ailleurs renoncé à faire des meetings en dehors de Kaboul, craignant pour la sécurité.

Les talibans opposés à la présidentielle

Les talibans sont opposés à cette présidentielle. Ils sont plus largement opposés à tout processus électoral puisqu’ils ne reconnaissent pas la légitimité de la République islamique d’Afghanistan. Ils ont d’ailleurs officiellement mis en garde la population, le 6 août dernier. C’est sur leur site web et sur les réseaux sociaux que les talibans ont appelé la population à « se tenir eloignée des rassemblements et des meetings de campagne qui pourraient être ciblés ». Ils indiquent qu’ils ont appelé tous leurs combattants à s’élever contre ce qu’ils appellent « une parodie de processus » pour empêcher « l’ennemi de réussir dans ses plans machiavéliques ».

Un ancien cadre taliban rencontré à Kaboul la semaine dernière a confirmé cette position. « Ceux qui iront voter malgré ces mises en garde le feront à leurs risques et péril », dit-il. Cette position et ces mises en garde ne sont pas une surprise. Les talibans ont toujours été contre les élections depuis qu’ils ont été chassés du pouvoir en 2001 suite à l’intervention des États-Unis appuyés par les pays de l’OTAN.

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De l’avis des observateurs et des sources sécuritaires, un regain de violences est à craindre pour les prochains jours et surtout le jour de la tenue du scrutin, le 28 septembre. Les centres de vote à travers le pays seront des lieux à haut risque.

Impossible de garantir la sécurité

Un dispositif de sécurité particulier sera-t-il mis en place ? Le ministère de l’Intérieur penche depuis plusieurs semaines sur un plan de sécurité adapté pour assurer la protection des électeurs qui feront le déplacement, ainsi que celle des employés de la Commission électorale indépendante en charge du processus électoral. Près de 72 000 membres des forces de sécurité afghanes seront mobilisés à travers le pays pour sécuriser les bureaux de vote, a fait savoir le ministère.

Malgré cela, impossible de garantir à la population qu’aucune attaque ne sera perpétrée contre les bureaux de vote. Les élections législatives de l’an dernier l’ont démontré avec plus d’une dizaine de personnes tuées, une centaine d’autres blessées dans des attentats le jour du scrutin.

Et les talibans ne montrent aucun signe d’apaisement. Il y a trois jours, ils ont fait exploser des pylônes électriques qui alimentent 11 provinces, dont celle de Kaboul. Cela fait deux jours que dans les foyers, on ne vit qu’avec une heure d’électricité seulement. Les talibans ne relâchent pas la pression.

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