Hong Kong: une foule pacifique répond à l'appel des pro-démocratie

Des dizaines de milliers de personnes défilaient encore dimanche 18 août au soir à Hong Kong lors d'une manifestation « pacifique » pour prouver que le mouvement pro-démocratie reste populaire en dépit des violences et des menaces d'intervention de Pékin. Les organisateurs de la manifestation semblent donc avoir réussi leur pari.

L'image de la mobilisation, qui a débuté en juin et est sans précédent dans l'ex-colonie britannique, a été ternie cette semaine par des scènes de violences à l'issue de cinq jours de sit-in dans l'aéroport. Pour couper court aux accusations de « terrorisme » qui ont émané du gouvernement central chinois, un appel à un rassemblement « rationnel et non violent », ce dimanche, avait été lancé par le Front civil des droits de l'Homme (FCDH), organisation non violente qui était à l'origine des manifestations géantes de juin et juillet.

En début d'après-midi, des dizaines de milliers de personnes se sont d'abord massées sous une pluie battante dans le Parc Victoria, au cœur de l'île de Hong Kong, offrant des images aériennes d'une mer de parapluies multicolores. Difficile d'établir un décompte précis mais les organisateurs avancent le chiffre de 1,7 million de personnes rassemblées sous la pluie.

Une foule de manifestants a ensuite défilé en direction du quartier d'Admiralty, plus à l'ouest, bravant l'interdiction de la police qui n'avait autorisé qu'un rassemblement statique dans le parc. En début de soirée, ils étaient encore des milliers dans les rues à marcher dans le calme, alors que la pluie continuait de tomber par intermittence. Nombre de militants avaient encore pour mot d'ordre la dénonciation des violences policières.

« La police fait des blessés »

« La façon dont la police a géré tout ça est totalement déplacée », estime James Leung, un manifestant. « Vous pouvez vous faire votre propre jugement. » D'autres reconnaissaient une hausse de la violence dans les rangs des contestataires, les manifestations dégénérant de plus en plus souvent en heurts entre la police et des radicaux n'hésitant plus à lancer des pierres ou des cocktails molotov, et à utiliser des frondes.

« Certains ont une façon extrême d'exprimer leurs vues », concède Ray Cheng, 30 ans, en reconnaissant que cela place la mobilisation dans une position délicate. « Je suis contre la violence », explique de son côté une femme disant s'appeler Wong, 54 ans. « Mais ils sont en colère. Et même les radicaux ne font que casser des vitres, ils ne blessent pas les gens, alors que la police fait des blessés », accuse-t-elle en montrant une photo d'une femme touchée à l'œil par un projectile, vraisemblablement tiré par la police.

Dix semaines après la manifestation inaugurale du 9 juin, le mouvement n'a presque rien obtenu de l'exécutif hongkongais pro-Pékin. Cette absence d'avancée a poussé le mouvement vers la radicalisation, comme l'a illustré cette semaine le blocage de l'aéroport de Hong Kong, où des centaines de vols ont été annulés.

(Avec agences)

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