Les hommes en treillis, qui pourraient être plusieurs milliers, étaient entourés de camions et de blindés de transport de troupes. Le journaliste de l'AFP a vu les hommes défiler en rangs serrés et s'entraîner à la course à pieds, alors que d'autres circulaient à moto à l'extérieur du stade, situé à moins de 7 km de la frontière hongkongaise. La raison de leur présence au stade n'était pas connue.
Après deux mois de manifestations à Hong Kong en faveur de la démocratie, Pékin a laissé planer ces derniers jours le spectre d'une intervention pour rétablir l'ordre dans l'ex-colonie britannique. Des vidéos de convois militaires se dirigeant vers Shenzhen ont été diffusées par les médias d'État. Alors que certaines manifestations ont pris un tour violent, le régime communiste a accusé mercredi des contestataires honkgongais de commettre des actes « quasi-terroristes ».
Hong Kong a été restitué à la Chine en 1997 mais le territoire de 7 millions d'habitants conserve un statut spécial, avec un gouvernement en principe autonome et une monnaie différente du yuan chinois. L'armée chinoise, qui dispose d'une garnison de plusieurs milliers d'hommes à Hong Kong, n'est pas censée se mêler des affaires du territoire mais elle peut être amenée à le faire sur demande des autorités locales.
(avec AFP)
Choi Tsz Wan : « Il y a une véritable haine des manifestants »
Choi Tsz Wan fait partie d’un groupe d’avocats qui tentent d’aider les personnes arrêtées à Hong Kong. Elle témoigne : « Les personnes arrêtées sont transférées dans des centres de détention très éloignés. Quand nous y arrivons enfin, on nous dit d’appeler l’officier de garde, sans pour autant nous donner son numéro. Quand on arrive à l’obtenir, il faut appeler des dizaines de fois avant qu’il réponde. Et notre équipe attend trois, quatre heures devant le centre de détention. Enfin, quand nous parvenons à y entrer, le garde nous explique qu’il n’y a qu’une seule pièce pour rencontrer plus de 30 détenus. Chaque avocat doit attendre son tour. Et quand nous les rencontrons enfin, ils ont déjà signé des documents. »
Garder le silence
« Normalement nous disons à nos clients : gardez le silence, laissez la police enquêter, mais parce que nous n’avons pas pu être là à temps, les personnes accusées peuvent avoir dit des choses qui les incriminent, et qui pourront être utilisées contre elles devant un tribunal. Ce sont des obstructions assez évidentes aux droits des personnes arrêtées », poursuit l’avocate.
« Il y a une véritable haine de ces manifestants. La police fait tout ce qui est en son pouvoir pour les mettre dans une situation difficile, qui est à leur désavantage. Le message est clair. D’ailleurs le fait qu’on arrête des gens en masse, y compris de simples habitants des quartiers venus voir les manifestations signifie : ne manifestez plus, ne soutenez pas les manifestants : arrêtez tout ça, nous pouvons faire ce que nous voulons. »