Avec notre correspondant en Inde, Sébastien Farcis
RFI a pu contacter quelqu'un à Srinagar, la capitale du Cachemire. Cette personne a bénéficié d’une fenêtre de connexion de quelques minutes à internet, un défaut technique apparemment, et a ainsi pu nous raconter son quotidien.
Dans cette ville, l’armée est partout, dit-il. Les check-points, très réguliers, rendent tout déplacement difficile. La plupart des magasins sont fermés et il est donc compliqué de s’approvisionner en nourriture.
Dès lundi matin, avant l’annonce de cette réforme radicale, le gouvernement a interrompu toute communication téléphonique ou internet et interdit tout rassemblement dans les rues.
Des dizaines de milliers de militaires sont déployés dans les rues et les barrages empêchent les habitants de se déplacer. Les journalistes étrangers peuvent difficilement se rendre sur place.
Le sentiment d’angoisse est accru par le manque total de communications, de téléphone et même de télévision. Depuis trois jours, les habitants du Cachemire n’ont que des bribes d’information qui leur arrivent.
Quand ces derniers jours, tout le monde en Inde écoutait les débats parlementaires sur le changement de statut du Cachemire, les habitants de cette région eux n’y avaient pas accès. Ils ont aujourd’hui l’impression d’être dans une prison à ciel ouvert.
Les autorités disent que la situation est calme, mais ont évoqué la mort d’un manifestant
Pour l'instant, la situation sécuritaire est elle aussi toujours précaire. Le Cachemirien contacté par RFI entend qu’il y a eu des violences dans le centre de Srinagar, une zone qui est souvent le théâtre d’affrontements.
Ces derniers opposent la population et les paramilitaires. Les jeunes jettent des pierres et l’armée tire des gaz lacrymogènes ou des billes de plomb, ce qui est bien plus dangereux.
Les autorités affirment que la situation est calme, mais ont dû reconnaître la mort d’un jeune manifestant, mercredi 7 août. Les habitants, eux, affirment qu’ils sont prêts à sortir manifester leur colère, dès que l’armée les laissera bouger.
Les Cachemiriens espèrent la libération des politiciens locaux aujourd’hui emprisonnés. On peut s’attendre à une recrudescence de violences au Cachemire dans les semaines ou mois à venir.
La fin de l'autonomie provoque aussi des tensions diplomatiques avec le Pakistan voisin, qui revendique lui aussi l'autorité sur cette région. Islamabad a expulsé l'ambassadeur indien dans le pays et rappelé son propre ambassadeur en Inde.
Le Pakistan, qui a par ailleurs rompu les relations commerciales avec l'Inde, en appelle à la communauté internationale pour résoudre ce contentieux.