Avec notre envoyé spécial à Hong Kong, Zhifan Liu
Les organisateurs ont réussi à avoir l’aval des autorités pour défiler dans les rues de Mong Kok, un quartier très commerçant avec de nombreuses boutiques et des rues relativement étroites.
Des dizaines milliers de manifestants se sont mis en marche dans l'après-midi, chantant en choeur des slogans qui appellent à une grève générale lundi prochain. Comme depuis deux mois maintenant, ils veulent faire entendre leur voix.
« Pour le gouvernement, il semble que c’est inutile, ils n’ont répondu à aucune de nos demandes mais nous les Hongkongais, on continue de sortir dans la rue. Car si personne ne le fait, personne ne sait ce qui arrivera demain, c’est pour cela que nous devons nous mobiliser maintenant. »
Solidarité de l'opinion publique
Les fonctionnaires, le personnel de santé ou encore le secteur financier ont rejoint le mouvement. C'est désormais une grande partie de l'opinion publique qui affiche sa solidarité
« On a l’impression qu’on est vraiment tous connectés. Lors de la révolution des parapluies, il y avait beaucoup d’opinions différentes. Nous avions tous le même but mais chacun avait ses propres moyens d’y arriver. Mais désormais nous sommes unis ensemble et c’est le seul moyen pour nous d’atteindre nos objectifs. »
Le long des rues désertes et fermées à la circulation, quelques boutiques qui n’avaient pas baissé pavillon disposaient des bouteilles d’eau gratuitement pour ravitailler les manifestants. Dans le cortège, certains relayaient les donations.
« On met du matériel à disposition des protestataires qui vont sur la ligne de front, car on a entendu que certains n'avaient pas les moyens de s'acheter à manger ou s’offrir un repas car ils utilisent tout leur argent pour s’acheter des équipements pour se battre contre le gouvernement. C’est pour ça qu’on essaie de leur donner des boissons ou de la nourriture pour les aider », explique une femme.
À la fin du parcours officiel qui a duré quelques minutes, le cortège s’est scindé en plusieurs parties. Certains se sont mis à ériger des barricades dans les artères commerciales, tandis que d’autres se sont dirigés vers le sud de la ville.
Dans la soirée, la police anti-émeutes a lancé plusieurs salves de gaz lacrymogène dans le quartier de Tsim Sha Tsui, repoussant les manifestants dans des rues habituellement fréquentées par les badauds et touristes.
Enquête sur les violences policières
Les protestataires demandent toujours le retrait total de la loi d’extradition vers la Chine, point de départ du mouvement de contestation, mais ils réclament également la mise en place d’une commission indépendante pour enquêter sur les violences policières.
Ce rassemblement fait suite au soutien des fonctionnaires qui se sont ralliés à la mobilisation vendredi 2 août, au soir, en rassemblant plus de 40 000 personnes. Les Hongkongais veulent prouver à leur gouvernement qu’ils sont unis dans l’adversité. Et c’est en ce sens que les manifestants ont pris la rue ce samedi.
Une nouvelle journée de manifestation est prévue ce dimanche.
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