[Reportage] Afghanistan: vacances forcées pour le Parlement

Vacances forcées pour le Parlement afghan. Les portes de la Chambre basse de l’Assemblée sont closes depuis ce mercredi 29 mai. En cause: les vives tensions après l'élection du président de la Chambre basse. Plusieurs députés rejettent les résultats et invoquent des fraudes lors du vote. Certains en sont même venus aux mains. Des scènes surréalistes au cœur de l’Assemblée alors que la première session parlementaire s’est ouverte le 27 avril dernier avec plusieurs mois de retard, en raison de controverses sur les résultats des élections parlementaires d’octobre. Le Parlement sera fermé pour plusieurs jours. La reprise est prévue après l’Aïd, la fête qui marque la fin du ramadan et qui devrait avoir lieu le 5 ou 6 juin.Reportage.

Avec notre correspondante à Kaboul,  Sonia Ghezali

L’ambiance est tendue dans les couloirs de l’Assemblée. L’hémicycle reste porte close. Une centaine de policiers sont déployés, car la situation pourrait facilement dégénérer.

Il y a quelques jours, des députés se pourchassaient en plein hémicycle, l’un d’eux armé du marteau du président. C’est l’élection de celui-ci qui est à l’origine de cette crise parlementaire.

« L’Afghanistan est un pays de plusieurs ethnies, explique la députée Fawzia Naeryar. Toutes veulent vivre en paix ici et être représentées au gouvernement. Le président du Sénat est Pachtoune, le président de la Cour suprême et le président de la République aussi. Les autres ethnies ont décidé que le président du Parlement devait être Tadjik. Mais une quarantaine de députés pashtounes refusent. »

Des dizaines de députés rejettent les résultats du vote invoquant des fraudes. Pour les partisans du vainqueur, leur rejet est motivé par des raisons ethniques. Si le Parlement est en vacances forcées, certains continuent de se rendre à l’Assemblée.

Ramazan Bashardos est l’un des députés : « C’est déprimant, c’est décourageant, commente-t-il. Certains députés sont arrivés, d’autres ne sont pas là. Il y a un monsieur qui se déclare président, il a déclaré aujourd’hui férié, mais d’autres députés ont protesté, ils ont dit que non, vous n’avez pas le droit de fermer la porte de l’Assemblée nationale. »

Plusieurs députés confient leur inquiétude. Le dialogue entre les élus qui s’opposent est non existant. Cette crise parlementaire intervient à 4 mois de la présidentielle.

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