De notre correspondant à Séoul, Frédéric Ojardias
La Corée du Sud a promis d’envoyer son aide par l’intermédiaire du Programme alimentaire mondial et de l’Unicef, deux organisations de l’ONU qui disposent de bureaux permanents à Pyongyang. Cela garantit – jusqu’à un certain point – que ses convois de nourriture seront bien distribués aux Nord-Coréens qui en ont le plus besoin.
Pourtant, cette promesse de don est critiquée en Corée du Sud. Le principal parti d’opposition a exprimé son désaccord, et selon plusieurs sondages cités par le quotidien Joongang, une légère majorité de Sud-Coréens s’y opposent. En cause, des relations Nord-Sud très dégradées depuis l’échec du sommet Corée du Nord-Etats-Unis en février.
Le régime nord-coréen lui-même snobe la main tendue par Séoul. Hier, un éditorial du quotidien officiel, le Rodong Sinmun, a présenté l’assistance alimentaire comme une façon d’asservir les États qui l’acceptent et soulignait l’importance de l’indépendance économique.
Si la Corée du Sud espérait, de façon un peu cynique, se servir de son geste pour relancer le dialogue intercoréen, ces espoirs semblent pour le moment loin de se réaliser. Un exemple de plus qui illustre les dangers de l’instrumentalisation de l’aide humanitaire dans un but politique.