Avec notre correspondant à Séoul,
A l’origine de ce projet se trouve « Baedal Minjok », une application à succès qui met en contact internautes et restaurants locaux. Les Coréens adorent se faire livrer leur repas d’un clic sur leur smartphone. Baedal Minjok représente 28 millions de commandes par mois, pour un pays de 51 millions d’habitants.
Et Woowa Brothers, l’entreprise derrière cette appli, prépare la prochaine étape : un robot livreur, baptisé « Dilly ». Il ressemble à une glacière à roulettes, haute de 80 cm, affublée d’une antenne et de caméras. Il peut rouler jusqu’à 4km/heure. Il peut tout livrer, des hamburgers aux pizzas, en passant par des steaks et des sushis, précise le quotidien Korea Times.
Woowa Brothers a reçu en décembre 320 millions de dollars d’investissements pour développer un prototype. La commercialisation est prévue dans trois ans. L’entreprise rêve de s’attaquer à un marché mondial évalué à 30 milliards de dollars en 2023.
Des défis à surmonter
Mais avant que « Dilly » ne vous livre votre poulet frit à domicile, plusieurs défis sont à relever. Séoul est densément peuplée et son trafic est intense. Développer un robot capable de monter sur ses trottoirs et de manœuvrer dans ses rues aux heures de pointe sans renverser les passants ne sera pas simple.
Il faudra aussi convaincre les résidents des barres d’immeubles d’autoriser les robots à prendre leurs ascenseurs et à parcourir leurs couloirs, alors que des associations de résidents expriment déjà quelques réticences.
Mais ces réticences seront surmontées : en Corée, l’innovation technologique est vue d’un œil bienveillant. Le robot livreur permettra de réduire les coûts de livraison et de compenser le manque de main-d’œuvre, dans un pays où la population vieillit vite.
Le paradis des robots
La Corée est déjà très avancée en matière de robotique. C’est même le pays le plus automatisé au monde, selon la Fédération internationale de robotique, qui y compte 631 robots industriels pour 10 000 employés humains en 2016. C’est aussi le deuxième pays exportateur de robots, après la Chine.
Par exemple, dans l’aéroport d’Incheon, qui dessert Séoul, le constructeur LG a lâché une escouade de robots. Ils parlent 4 langues, accompagnent les passagers perdus jusqu’à leur porte d’embarquement, et ils nettoient le sol. Le tout sans bousculer les voyageurs.
Les talents coréens en la matière suscitent même des inquiétudes. L’année dernière, des chercheurs du monde entier ont menacé de boycott l’université KAIST, parce que celle-ci a passé un partenariat avec une entreprise de défense pour développer des systèmes d’armement autonomes – autrement dit, des robots tueurs.
Mais pas d’inquiétude, à part le coup de fusil, le robot livreur de pizzas ne représente, a priori, pas de danger.