Deux candidats se disputaient la succession de Tsai Ing-wen : Cho Jung-Tai, soutenu par les caciques du parti. Et You Ying-lung qui lui plaide pour l'indépendance de l'île, une ligne rouge tracée par le président chinois Xi Jinping. Finalement, c'est le candidat plutôt modéré Cho Jung-tai qui a gagné cette élection interne du parti au pouvoir.
Le nouveau chef du parti démocratique progressiste marchera sur le fil du rasoir.
S’il se prononce publiquement pour l’indépendance de Taiwan, il s’attirera les foudres. D’abord de Pékin, qui considère la petite île comme l’une de ses provinces et menace de recourir à la force pour obtenir la réunification. Ensuite, celles de Washington.
L’allié de Taipei n’a aucun intérêt à froisser davantage la Chine. C’est la raison pour laquelle Tsai Ing-wen, l’ex-secrétaire du parti et actuelle présidente de Taiwan, s’est bien gardée de défendre des positions trop radicales. Même si elle refuse de reconnaître que Taiwan fait partie d’une « seule Chine », elle a préféré jouer profil bas vis-à-vis de son voisin géant qui montre régulièrement ses muscles, lors de manœuvres militaires aux portes de la petite île rebelle.
Pékin a par ailleurs tout fait pour isoler Taïwan : bon nombre de pays amis ont coupé les ponts avec Taipei. Le nouvel homme fort du parti au pouvoir sera surveillé de près : s’il prône l’indépendance, Pékin l’interprétera comme une déclaration de guerre. Xi Jinping l’a dit cette semaine : « la Chine doit être réunifiée et elle le sera ».
Quoi qu'il en soit, la petite île se trouve aujourd'hui au centre d'un jeu politique entre Washington et Pékin. Stéphane Corcuff, professeur associé à Science Po Lyon et fin connaisseur de Taïwan, est inquiet de voir Xi Jinping de plus en plus aggressif vis-à-vis de Taipei.