La rapidité de ce débarquement provoque beaucoup d'interrogations. Notamment côté français. Jeudi, chez nos confrères de RTL, Arnaud Montebourg, ancien ministre de l'Economie, disait qu'il avait à l'époque encouragé l'alliance entre Renault et Nissan. « Il y a évidemment là une déstabilisation manifeste, une manœuvre qui d'ailleurs devra être sanctionnée. Car cette alliance je veux le dire, c'est un bien commun franco-japonais extrêmement précieux dont la France comme le Japon ont profité à parité. »
Et il n'est pas le seul à vanter les mérites de cet attelage à peu près unique. PSA est bien marié à l'Allemand Opel et au Chinois Dongfeng, mais rien à voir avec cette alliance franco-japonaise qui vend une voiture sur neuf dans le monde, emploie 450 000 salariés sur les cinq continents, gère des participations croisées, des usines partagées, des pièces, des ingénieurs en commun, notamment pour les véhicules électriques et autonomes. Il serait en somme très compliqué de divorcer. De cela, tout le monde en est conscient, à commencer par les dirigeants politiques, soucieux d'éviter un crash industriel.
Sauf que lors de cette folle semaine, Nissan a affirmé sa soif d'indépendance. Les Japonais veulent un rééquilibrage des pouvoirs, eux qui vendent beaucoup plus de voitures que Renault, notamment grâce au marché chinois. Alors que le groupe français détient 43% de leur capital. D'après les spécialistes, ils ont le sentiment d'avoir été pris au piège tendu par Carlos Ghosn, dont la longévité et les succès commerciaux resteront exceptionnels. Bien aidés par cette affaire de fraude financière, les dirigeants de Nissan veulent plus de transparence, revoir les apports des uns et des autres. Renault envisageait une fusion avec Nissan. Le projet tombe-t-il à l'eau ? En tous cas, il faudra trouver un autre capitaine.