Un duo va conduire les opérations chez Renault pendant l'absence de Carlos Ghosn. Ce dernier est temporairement empêché, souligne le communiqué du conseil d'administration réuni en urgence mardi soir, mais il reste le PDG de l'entreprise, en vertu de la présomption d'innocence.
En attendant son éventuel retour, c'est Thierry Bolloré, déjà numéro deux de Renault, qui est chargé de rassurer les troupes. Nommé directeur général délégué alors qu'il était jusque-là directeur général adjoint - les mots ont une importance -, il aura les mêmes pouvoirs que Carlos Ghosn, impensable dans un autre contexte. A ses côtés, Philippe Lagayette récupère la présidence du conseil d'administration, devenant le référent vis-à-vis des actionnaires, notamment l'Etat, qui ne voulait pas laisser traîner cette situation périlleuse.
Préserver l'alliance avec Nissan
Thierry Bolloré espérait bien prendre la présidence de Renault, mais pas si vite, et pas dans ces conditions. Le numéro deux devient numéro un et d'entrée de jeu, martèle l'importance de l'alliance entre Renault, Mitsubishi et surtout Nissan.
« L'alliance à une importance vitale pour le groupe Renault. Nous assurons évidemment la totale continuité avec nos partenaires, a affirmé le nouveau directeur général délégué de l'entreprise. Pas plus tard nous avons d'ailleurs nos réunions mensuelles pour prendre les décisions qui sied au bon fonctionnement de l'alliance. »
Le soupçon d'un complot
Cette alliance semble aujourd'hui menacée. Certains avancent même l'hypotèse d'une orchestration de la chute de Carlos Ghosn. Les informations sur ses malversations, internes à Nissan, pourraient avoir été révélées pour éviter le projet de fusion, porté par Carlos Ghosn, entre Renault et Nissan. Le constructeur japonais, beaucoup plus rentable, n'y étant pas favorable. A Bercy, on confirme l'existence d'un projet d' « intégration renforcée de l'alliance », sans valider l'hypothèse du complot. On rappelle aussi que Carlos Ghosn est, à ce stade, présumé innoncent.
« Nous n'avons pas d'élément qui nous permette d'avoir des conclusions sur le fond de cette affaire, détaille Philippe Lagayette. Ce conseil d'administration a demandé à Nissan de fournir les éléments en sa possession ».
Le Maire vante une « gouvernance solide »
En attendant ces informations, la nouvelle direction ne prévoit pas d'enquête interne sur la gouvernance de Carlos Ghosn au sein de Renault.
Il y a une gouvernance à la tête de Renault a, quant à lui martelé, le ministre de l'Economie, Bruno Le Maire, aux côtés des deux responsables -par intérim- de l'entreprise. « Cette gouvernance est solide et elle garantit le bon fonctionnement de Renault » a encore assuré le ministre qui a réaffirmé son attachement à l'alliance négociée entre Renault, Nissan et Mitsubishi et annoncé qu'il recevrait son son homologue japonais pour discuter de ce dossier jeudi.
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