Avec notre correspondante à Rangoon, Eliza Hunt
C'est un article sur le financement du réseau de bus de Rangoon qui avait déplu au responsable de la région, un membre important de la Ligue nationale pour la démocratie, le parti de la dirigeante Aung San Suu Kyi. Ce responsable de la LND a réclamé que les journalistes demandent pardon, en échange du retrait de sa plainte, ce qu'ils n'ont jamais fait.
Le président birman lui-même était alors intervenu pour rappeler à l'ordre le gouvernement régional et leur demander de suivre la loi sur les médias : c'est-à-dire de résoudre cette affaire d'abord par la médiation du Conseil birman de la presse.
Une intervention rare dans un pays critiqué depuis plusieurs mois pour ses atteintes à la liberté d'expression. L'affaire des journalistes du magazine Eleven est arrivée juste après la condamnation à sept ans de prison de deux reporters de l'agence Reuters après leur reportage sur un massacre commis contre la minorité musulmane des Rohingyas.
Depuis qu'Aung San Suu Kyi est arrivée au pouvoir en 2016, plus de 40 journalistes ont été poursuivis dans le pays en vertu d'une série de lois répressives, dont 17 par des responsables du gouvernement. La dirigeante birmane déclarait pourtant il y a peu : « Je pense que la presse est très libre » dans le pays.