Sri Lanka: le Premier ministre limogé évoque un «coup d’Etat institutionnel»

Un homme a été tué et deux autres blessés par balles dimanche au Sri Lanka. Ce sont les premières victimes de la crise politique qui secoue le pays depuis trois jours. Le président Sirisena avait-il le droit de démettre son Premier ministre et de nommer à sa place l'ancien homme fort du pays ? Le débat fait rage. Les institutions sont paralysées. Deux camps s'opposent. L'ancien et le nouveau chef du gouvernement revendiquent l'exercice du pouvoir. Pour la première fois, dimanche, le chef de l'Etat a pris la parole pour justifier son geste.

Droit dans ses bottes Maithripana Sirisena assure que cette nomination respecte en tous points la Constitution. Je l'ai décidée, dit-il, après avoir consulté une équipe de juristes. Ni l'éviction du Premier ministre ni la désignation de son successeur ne sont anticonstitutionnelles.

C'est sa version de l'histoire, contredite par l'avocat sri-lankais Luwie Niranjan : « Avant 2015, la Constitution prévoyait que le président puisse écarter le Premier ministre à n'importe quel moment. Ces dispositions ont été supprimées en 2015, explique l’avocat. Aujourd'hui, le président n'a plus le pouvoir d'écarter le Premier ministre. J'ajoute que la Constitution autorise le président à consulter la Cour suprême s'il le souhaite. Donc s'il avait voulu être sûr que son geste était légal, il aurait pu consulter la Cour suprême. »

Deuxième question-clé : pourquoi avoir suspendu le Parlement jusqu'au 16 novembre ? Pas de réponse à ce sujet alors que c'est le cœur de la bataille politique. Faire taire les députés, c'est empêcher le chef du gouvernement sortant de prouver qu'il a toujours une majorité.

Voilà pourquoi Ranil Wickremesinghe refuse de quitter ses fonctions et parle de « coup d'Etat institutionnel ». Il s'est barricadé dans la résidence officielle du Premier ministre, en plein cœur de la capitale sri-lankaise, entouré d'un millier de ses partisans.

Partager :