De notre correspondant à Pékin,
Didi la nuit c’est fini. Depuis samedi dernier et pendant une semaine, on ne peut plus réserver de taxi entre 23 h et 5 h du matin via cette application ultra populaire en Chine. Et surtout, Dida, le service de covoiturage commandé, là aussi, via les téléphones portables est suspendu jusqu’à nouvel ordre. Ce qui fait que c’est un peu la révolution à Pékin.
Didi Chunxing est connue de tous les Chinois qui habitent en ville, ça fait du monde. L’application a revendiqué plus de 30 millions de commandes de véhicules en 2017. Du coup, la fin des taxis de nuit et du covoiturage met un peu de pagaille. Il n’y avait plus assez de taxis pour rentrer chez soi tard le soir racontent les internautes qui ont inondé les réseaux d’images montrant des usagers du service paumé sous les lampadaires, attendant en vain des voitures qui ne viennent plus le soir.
Le laxisme de Didi Chunxing dénoncé
Après le viol et l’assassinat de deux jeunes femmes en un peu moins de cinq mois, le législateur a décidé de renforcer ses contrôles. En mai dernier, il y a déjà le meurtre d’une hôtesse de Hainan Airlines . La jeune femme âgée de 21 ans venait de quitter son service à l’aéroport de Zhengzhou, la capitale du Henan. Elle a commandé une voiture en covoiturage à 23h50, elle a été violée et reçu des coups de couteau de la part du chauffeur. Le 24 août dernier, une autre jeune femme de 20 ans de la province du Zhejiang commande elle aussi une voiture via l’application dans l’après-midi. Son corps sera retrouvé plusieurs jours plus tard dans une forêt alentour. Depuis deux dirigeants de Didi Chunxing ont été licenciés, mais cela n’a pas suffi. Une enquête a été ouverte, les premières mesures de régulation viennent d’être prises…
Les usagers sont déboussolés. Ils ont inondé les réseaux ce week-end. Les chauffeurs débattent. Monsieur Shao fa, taxi à Pékin est plutôt satisfait des mesures prises par les autorités : « Pour les taxis, bien sûr que c’est une bonne chose ! Vu que les chauffeurs de voitures privées ne travaillent plus, nous on gagne plus ! Le taxi est beaucoup plus sûr vous savez. Il faut faire une formation. Il faut au moins 3 ans d’expérience avant d’être titularisé comme taxi. Et la plupart d’entre nous, nous sommes tous des Pékinois. Contrairement au VTC, on est tous enregistrés auprès des autorités ». La sécurité, c'est ce que mettent en avant les taxis.
Le covoiturage, un service devenu indispensable
Du côté des VTC évidemment, le chant est différent. Monsieur Zhang propose de partager sa voiture via l’application pour aller et revenir de son travail entre le 5e et le centre de Pékin. Le covoiturage était pour lui un véritable complément de revenu pour payer un loyer qui ne cesse d’augmenter. M. Zhang: « Moi je fais du covoiturage tous les matins en allant au travail, et le soir quand j’en reviens. Je gagne environ 30 yuans (une peu moins de 4 euros). Avec ça je paie mon essence, et je mets 10 yuans de côté. Ce que je pense, c'est que si la concurrence disparait pour les taxis, je crois qu’ils vont refuser des passagers et qu’ils augmenteront leurs prix. Le covoiturage doit perdurer, mais être mieux contrôlé. »
Plus de contrôle des chauffeurs privés sur les plateformes, c’est aussi ce que demande une partie de la clientèle féminine. Certaines ont changé de photo sur leurs profils mettant des photos de garçons notamment lorsqu’elles commandent un véhicule. Une majorité des utilisateurs et des utilisatrices rencontrés demandent eux aussi un renforcement des contrôles sur les chauffeurs, mais pas la fin du service. Sachant qu’évidemment à peine l’interdiction du covoiturage sur Didi, d’autres applications sont arrivées pour proposer les mêmes services.