Pakistan: manifestations contre un concours de caricatures aux Pays-Bas

Les manifestations se multiplient au Pakistan pour protester contre le concours de caricatures du prophète lancé aux Pays-Bas, et qui devrait se tenir début novembre prochain. Une compétition initiée par le député d'extrême droite Geert Wilders. Les leaders du mouvement de colère pakistanais appartiennent à une secte soufie responsable de nombreux actes de violence ces derniers mois. Ils annoncent qu'ils poursuivront la mobilisation tant que le concours n'aura pas été annulé.

Avec notre correspondante à Islamabad, Solène Fioriti

« Labbaik ya rasool Allah », littéralement « Nous sommes là pour toi, Prophète ». Ce slogan, bien connu des Pakistanais, résonne sur l'autoroute qui mène de Lahore à la capitale d'Islamabad. Ce cri de guerre est la signature d'une secte soufie très violente. Il y a dix jours, elle attaquait le sanctuaire d'une minorité religieuse musulmane. Les Pays-Bas sont désormais son nouvel ennemi.

Un groupe qui bénéficie d'une réelle popularité au Pakistan. Comme l'explique Azeema Chemma, analyste politique. « Ils ont un soutien très large parmi des gens de tout âge, de toute classe sociale. Il y a comme une coalition d'opinions. La plupart de ces gens veulent que l'Etat du Pakistan reflète ce courant de pensée ».

Le chef de la secte, Khadim Rizvi, barbe blanche et regard dur, a même affirmé que s'il était au pouvoir, il enverrait une bombe atomique et même un jihad sur la Hollande.

« Les partis religieux qui ont cherché à ce que la charia devienne la loi n'ont jamais rencontré ce type de résonance [dans l'opinion], souligne l’analyste Azeema Chemma. Pourquoi ? Parce que la charia affecterait beaucoup la vie des gens. Mais aussi parce que le lien qu'ils entretiennent avec elle est beaucoup moins émotionnel que celui qui les lie au blasphème. C'est quelque chose qui résonne très fortement en eux. »

Tandis que les représentations diplomatiques retiennent leur souffle, le Premier ministre Imran Khan a condamné les caricatures. Il a même annoncé qu'il demanderait à la prochaine assemblée des Nations unies l'examen d'une loi commune sur la question du blasphème.

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