Le centre Mawoud était plein à craquer en ce mercredi après-midi. Une centaine d'élèves, filles et garçons, se préparaient au concours de Kankor, l'équivalent du baccalauréat en Afghanistan, lorsque le kamikaze a actionné sa bombe en plein cours. La puissance de la déflagration a été telle que le toit a été littéralement soufflé.
Le centre est situé dans la partie ouest de la capitale, un quartier à majorité chiite. Considérés comme hérétiques, les chiites sont régulièrement pris pour cible par le groupe Etat islamique.
En deux ans, cette communauté a été la cible de pas moins de 13 attaques, rien qu'à Kaboul. Mais le pays tout entier est actuellement en proie à une violente insurrection armée.
Des offensives d'envergures sont en cours, notamment dans la province du nord Baghlan où les talibans ont lancé un assaut contre un poste avancé des forces afghanes faisant au moins 40 morts.
A Ghazni dans le centre du pays, après 5 jours de combat entre les talibans et l'armée, appuyée par les forces spéciales et l'aviation américaine, la situation semble enfin se stabiliser. Ces combats ont provoqué en quelques jours plusieurs centaines de morts.
■ Analyse
Les insurgés sont sous pression depuis des mois pour accepter d'ouvrir des négociations de paix avec le gouvernement afghan et les analystes estiment que de telles batailles visent à les placer en position de force au moment de les entamer. Analyse d’Ahmad Shuja, rédacteur en chef du Georgetown Public Policy Review.
« Même les États-Unis ont compris que le conflit en Afghanistan est dans l'impasse et qu'aucune partie ne peut gagner la guerre. Si les talibans envisagent de prendre part à des discussions pour un règlement politique du conflit, ils doivent démontrer qu'ils sont capables de prendre au gouvernement afghan le contrôle de villes provinciales stratégiques. Et ils y sont arrivés à trois reprises. Leurs offensives visent aussi à prouver à leurs propres sympathisants qu'ils ont toujours la force de le faire. Car lorsque les talibans ont annoncé début juin un cessez-le-feu de trois jours pour la fin du ramadan, il y a eu des craintes dans les rangs des talibans que ce cessez-le-feu avec le gouvernement afghan - considéré comme l'ennemi - puisse démoraliser les combattants. C'est pourquoi en lançant des offensives militaires aussi importantes, les talibans veulent démontrer leur force face à l'adversaire, le gouvernement afghan, mais aussi à maintenir la combativité et le moral des troupes. »