Législatives au Cambodge: le parti de Hun Sen revendique une victoire écrasante

Au Cambodge, ce sont encore des estimations, mais les résultats des élections législatives sont clairs. Hun Sen, au pouvoir depuis 33 ans, est assuré d’être reconduit pour un nouveau mandat. Une réélection annoncée à l’avance dans un scrutin sans suspense. Le principal parti d’opposition a été dissout en novembre 2017. Il avait pourtant emporté 44,5% des voix. D’après les dernières estimations communiquées par le bureau du Parti du Peuple cambodgien (PPC) ce lundi matin, le parti de Hun Sen pourrait emporter les 125 sièges du Parlement cambodgien. En attendant, plusieurs capitales occidentales dénoncent le déroulement de l'élection, à commencer par Washington, à travers un communiqué sévère de la Maison Blanche.

Avec notre correspondante à Phnom Penh, Juliette Buchez

D’après les estimations confirmées par le porte-parole du Parti du Peuple cambodgien de Hun Sen, le PPC aurait ainsi remporté l’intégralité des sièges du parlement. Dans cette élection où la victoire du PPC était annoncée, aucun des 19 autres partis candidats n’est parvenu à convaincre.

L’absence du CNRP, principal parti d’opposition dissout en novembre et la pression sur ses anciens supporters en particulier ont pesé sur cette année électorale. L’appel au boycott lancé par ses anciens membres en exil à l’étranger n’a pas été entendu.

Le Comité national des élections annonce un taux de participation à 82,17%. Certains potentiels abstentionnistes semblaient craindre des représailles s’ils n’allaient pas voter. Le nombre de bulletins nuls en revanche a bondi. D’après les chiffres du bureau central du PPC, ils seraient passés de 1,6% en 2013 à 9,1% cette année. Mais encore une fois il faudra attendre les résultats officiels mi-août pour confirmer ces estimations.

L'opposition dénonce la mort de la démocratie

Dès dimanche soir dans un communiqué, le PPC a remercié les observateurs de 52 pays d’avoir été témoins d’une véritable démocratie au Cambodge. Un groupe d’observateurs dont les Etats-Unis, par exemple, étaient absents. Ce lundi matin, les Etats-Unis, l’Australie ou le Canada parlent d’inquiétudes à l’issue d’un scrutin ni libre, ni équitable. Washington dit considérer des mesures supplémentaires en réponse à la dégradation des droits de l’homme au Cambodge.

En Indonésie, le parti d’opposition dissout, le Parti du Sauvetage national du Cambodge (CNRP) a tenu une conférence de presse. Ses leaders, Mu Sochua et Kem Monovithya, parlent de la mort de la démocratie au Cambodge. Elles demandent à la communauté internationale de rejeter le résultat de l’élection.

Vote vérrouillé, selon les Etats-Unis

Les réactions à l'international commencent à tomber après cette élection jugée controversée. La diplomatie américaine parle d'un scrutin ni libre, ni transparent, d’élections biaisées qui ne reflètent pas la volonté du peuple cambodgien. La Maison Blanche souligne que le principal parti d'opposition n'a pas pu participer, que son dirigeant, Kem Sokha, a été mis en prison, que les médias et la société civile ont été muselés. Sans parler des menaces et des manœuvres d'intimidation pendant la campagne électorale. En résumé, un vote totalement verrouillé. Par mesure de rétorsion, les Etats-Unis envisagent d'alourdir les sanctions qui visent la junte cambodgienne

Même tonalité venue du Canada. Le ministère canadien des Affaires étrangères dénonce l'intimidation des électeurs, la manipulation des urnes, l'utilisation du pouvoir judiciaire pour harceler, intimider et éliminer l'opposition. Ottawa exige que le gouvernement cambodgien libère le chef de l'opposition et rétablisse la liberté d'expression.

Pour Phil Robertson, directeur adjoint pour l'Asie de Human Rights Watch (HRW), joint à Phnom Penh, ces élections n'ont été ni libres, ni équitables.

Pour le fondateur du Parti de sauvetage national du Cambodge, qui avait remporté plus de 44% des suffrages aux dernières législatives en 2013, le Cambodge va traverser une crise politique et économique.

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