[Reportage] Législatives au Pakistan: au Pendjab, la situation demeure critique

Quelque 105 millions d’électeurs sont appelés aux urnes, ce mercredi 25 juillet, au Pakistan. Le parti qui remportera la majorité des suffrages dans la province du Pendjab, la plus peuplée du pays, sera le vainqueur et désignera le Premier ministre de cette république islamique. Les deux principaux partis en lice sont le PMNL de Shebah Sharif, frère de Nawaz Sharif, l'ancien chef du parti, emprisonné pour corruption, et le PTI de l’ancienne star de cricket, Imran Khan. Un parti qui est très plébiscité par la jeunesse et dont le slogan est le changement. De nombreux défis attendent les vainqueurs du scrutin.

De notre envoyée spéciale au Pendjab,

L’hôpital Jinnah est l’un des plus importants établissements publics de Lahore. Près de l’entrée des urgences une centaine de femmes et d’hommes, certains accompagnés de leurs enfants attendent sous des auvents, sur des nattes en plastique posées au sol. Enveloppée dans un long voile rouge foncé Chenza est là depuis 15 jours. Sa belle-sœur est hospitalisée. Elle vient d’un village situé à trois heures de Lahore.

« On doit venir ici, parce que là où nous habitons les hôpitaux sont très petits et pas assez équipés, donc dès que quelqu'un a une maladie grave on doit venir à Lahore », explique-t-elle. A l'intérieur, un seul ascenseur fonctionne ; à tous les étages, les patients et leur famille attendent à même le sol dans une chaleur étouffante et humide.

Au quatrième étage, le docteur Mukhtar Ahmed déplore l’absence d’amélioration du système de santé publique. « Nous sommes débordés. Cet hôpital a été fondé il y a 22 ans à Lahore. Aucun projet de construction d'un autre hôpital de cette envergure n’est prévu. Et la population a augmenté au cours des 22 dernières années, elle a été multipliée par 5. C’est pour ça qu’on met deux voire trois patients par lit ».

Six à sept heures de coupures d'électricité par jour

Dans le centre de Lahore, les rues asphaltées sont bordées d’arbres, de bosquets, de fleurs. Une ligne de train aérien est en construction et traversera bientôt la ville d’ouest en est. Un métro-bus dessert déjà la capitale du Pendjab du nord au sud. Le ticket coûte 20 roupies pakistanaises soit 13 centimes d’euros. Les bus rouges circulent sur une voie réservée.

Au bout de la ligne au nord, on arrive à Shahdara, dans la banlieue de Lahore. A la sortie du métro, des vendeurs de citronnade attendent les clients. Au milieu des citrons verts sur les charrettes, des hauts-parleurs vantent les mérites de la boisson.

Dans une ruelle toute proche vit Oumar Mian, qui a une usine de fabrication de chaussures. Il déplore les coupures incessantes d'électricité. « Toutes les trois heures, il y a une heure de coupure d’électricité, cela fait au total au moins six ou sept heures de coupure par jour dans les zones rurales. Il y a trois mois, on avait dix heures de coupure », nous raconte-t-il.

Pas d'accès à l'eau potable

Il pointe du doigt la pompe à l’arrière de la maison. « C’est la pompe à eau, ça puise l’eau dans le sol, à plus de 300 mètres de profondeur. Mais elle n’est pas potable, on utilise l’eau filtrée sauf pour les invités, on achète de l’eau minérale. On n’a pas d’eau potable ». Le PMLN au pouvoir assure cependant avoir nettement amélioré la situation, ce que reconnaissent les habitants d’un village situé à trente minutes du centre de Lahore.

Zabil est agriculteur, il votera pour le PMNL même si « Le PMLN a donné l’argent aux entrepreneurs pour faire les travaux mais les entrepreneurs ont pris l’argent et n’ont rien fait », explique-t-il.

Les ordures s’étalent aux coins des rues. Les fils électriques et différents câbles traversent le village au-dessus des maisons dont ils frôlent les toits. La plupart des enfants travaillent dans les champs et fréquentent la madrassa, l’école coranique située au cœur du village. L’école publique se trouve à une quinzaine de kilomètres.

 

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