De notre correspondante à Pékin, Heike Schmidt
Pékin fait tout pour effacer le souvenir de Liu Xiaobo, considéré comme un ennemi d’Etat pour avoir co-signé la Charte 08, un manifeste appelant à la démocratie. Toute personne qui ose lui rendre hommage est donc suspecte… à l’image du dissident Hu Jia.
Hu Jia aurait voulu se recueillir au bord de la mer, là où les cendres de Liu Xiaobo ont été dispersés il y a tout juste un an. Mais impossible de s’y rendre : « L’année dernière, les autorités ont arrêté tous ceux qui ont voulu commémorer Liu Xiaobo – soit au bord de la mer, soit en levant les trois doigts de leur main signifiant résistance, espoir, et liberté...soit en portant un tee-shirt à l’effigie de Liu Xiaobo. Cela a créé une ambiance horrible. Le jour de sa mort est une date sensible. On m’oblige alors à quitter Pékin. La police me conduira loin de la mer, afin de m’empêcher de commémorer Liu Xiaobo. Mais je mettrai un bouquet de fleurs devant la photo de Xiaobo, posée sur une chaise vide. Puis, j’allumerai des bougies et m’inclinerai en silence devant lui, dans ma chambre d’hôtel surveillée par la police »
Hu Jia compte poursuivre le combat de son ami pour la démocratie et les droits de l’homme, malgré tout, défiant le pouvoir qui tente de museler toute voix critique. Sur weibo, le Twitter chinois avec ses 400 millions d’abonnés, la censure est efficace: quand on tape le mot clé « Liu Xiaobo » dans le moteur de recherche, cette réponse s’affiche: « contenu introuvable ».