Avec notre correspondant à Séoul, Frédéric Ojardias
Le président sud-coréen Moon Jae-in a qualifié cet accord de Singapour de « grande victoire pour ceux qui veulent la paix ». Il a félicité le « courage » et la « détermination » des deux dirigeants, Donald Trump et Kim Jong-un, qui ont pris des décisions « osées ».
Si l’accord qu’ils ont signé est considéré comme vague et modeste par les observateurs, Moon Jae-in assure, très confiant, qu’il permettra de « mettre fin au dernier conflit de la Guerre froide ». Le président a ajouté que les deux Corées et les Etats-Unis « allaient écrire une nouvelle histoire de paix et de coopération. »
Mais Moon Jae-in rappelle aussi que ce sommet n’est que le début « d’un long voyage », et que de nombreuses difficultés restent à surmonter.
Fin des exercices militaires
A Singapour, Donald Trump a néanmoins annoncé – à la surprise générale – la fin des manœuvres militaires organisés deux fois par an par les Etats-Unis et la Corée du Nord.
Trump a même qualifié de « jeux de guerre » ces exercices militaires massifs, qui provoquent à chaque fois la fureur de Pyongyang. Le régime les considèrent comme des préparatifs à une invasion.
Leur suspension - tant que les pourparlers continueront - est donc une concession majeure faite par Trump pour rassurer Pyongyang. Et cette suspension inquiète beaucoup les conservateurs sud-coréens, qui assurent depuis des décennies que réduire ces exercices, c’est affaiblir la posture de défense face au Nord.
La présence américaine remise en question
Donald Trump a même semblé évoquer un repli, un jour des forces américaines de Corée du Sud. Le président américain a précisé que les 28 500 soldats américains stationnés en Corée du Sud allaient y rester pour le moment, mais qu’il « espérait » qu’elles partiraient un jour.
Et c’est un autre coup de tonnerre, parce que le sujet était presque tabou jusqu’à aujourd’hui. Les conservateurs sud-coréens estiment avoir besoin de la présence militaire américaine pour se défendre et le départ des « GI » du territoire sud-coréen est exigé depuis des décennies par la Corée du Nord. « Trump est devenu le porte-parole de Kim Jong-un » a même accusé Cho Gab-je, un célèbre polémiste d’extrême droite.
Un succès pour Moon Jae-in
Malgré tout, ce sommet est une victoire pour le président Moon Jae-in, qui en est l’un des principaux architectes. Le président sud-coréen a joué un rôle crucial de médiateur pour rendre ce sommet possible. C’est d’ailleurs un émissaire sud-coréen qui annonçait, sur le parvis de la Maison Blanche, que Trump acceptait la rencontre avec Kim Jong-un.
Fin mai, quand Trump annulait le sommet, Moon Jae-in et Kim Jong-un s’étaient rencontré en urgence sur la frontière pour montrer leur détermination à poursuivre le dialogue. Moon Jae-in a donc réussi son coup. Mais, comme il le reconnaît lui-même, il ne s’agit que d’un début, et les pourparlers doivent continuer.
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