Avec notre correspondant à Bangkok, Arnaud Dubus
Phra Buddha Isara était une figure du mouvement antigouvernemental de 2014. Pendant des mois, il avait mené les manifestations pour réclamer la démission de la Première ministre de l’époque, Yingluck Shinawatra, et quand les généraux s’étaient emparés du pouvoir en mai 2014, il avait applaudi des deux mains.
Ses liens avec les militaires n’ont pourtant pas empêché sa chute spectaculaire. Arrêté jeudi 24 mai dans son temple par des commandos de la police, il a été inculpé pour avoir utilisé sans autorisation des symboles royaux sur des amulettes bouddhiques qu’il vendait par Internet.
L’accusation est grave en Thaïlande, où utiliser le nom ou les symboles du roi à des fins commerciales est un crime passible d’une lourde peine de prison.
L’arrestation du bonze intervient alors que des scandales financiers ont éclaboussé ces dernières semaines des moines du Conseil ecclésiastique suprême, l’instance dirigeante du bouddhisme thaïlandais.
La junte au pouvoir semble avoir décidé d’assainir une fois pour toutes la communauté monastique, laquelle a perdu beaucoup de sa crédibilité du fait d’affaires de corruption et de scandales sexuels. Jamais une telle campagne de nettoyage n’a eu lieu dans le passé.