Avec notre correspondant à Séoul, Frédéric Ojardias
« En tant que président, j’offre une nouvelle fois mes profondes excuses pour les souffrances causées par cette violence d’Etat », a déclaré Moon Jae-in, lors d'une visite sur l’île de Jeju. Le président sud-coréen a aussi promis de continuer l’enquête sur cette tragédie.
Entre 1948 et 1949, alors que la Corée du Sud est administrée par l’armée américaine, le gouvernement autoritaire de Rhee Syngman réprime dans le sang un soulèvement des insulaires, accusés d’être communistes.
Femmes, enfants et vieillards sont exécutés. Des villages seront brûlés et rasés. Quelque 30 000 personnes au total seront tuées, soit 10% de la population de l’île. Ce carnage a longtemps été tabou. Les dictatures militaires, qui se sont succédé au pouvoir à Séoul, ont étouffé l’affaire et interdit aux victimes de témoigner.
Ce n’est qu’en janvier 2000 qu’une commission d’enquête a finalement été établie. En 2003, le président progressiste Roh Moo-hyun avait présenté les premières excuses officielles de l'Etat sud-coréen. Mais le massacre continue d’être nié par les milieux les plus conservateurs.
Avec ces excuses renouvelées, le président Moon Jae-in oblige donc son pays à regarder en face l’une des pages les plus sombres de sa propre histoire.