« Si certains manifestent contre moi, je les poursuivrai chez eux pour les frapper », avait prévenu Hun Sen un mois avant le sommet de l'Asean. Cela n'a pas suffi à décourager plusieurs centaines de personnes à manifester ce vendredi pour dénoncer la visite en Australie du président cambodgien.
Parmi eux, Vandy Kang, 63 ans, réfugié en Australie. « Ce que fait Hun Sen est tellement scandaleux.... J'ai survécu au régime khmer rouge, j'ai perdu ma mère, mes deux frères, j'ai assez vu de souffrances. Au Cambodge, Hun Sen a réduit la population au silence et maintenant il veut nous réduire au silence nous aussi, je ne peux pas rester sans rien dire », explique-t-il.
Les manifestants ont aussi dénoncé les atteintes à la démocratie cambodgienne à l'approche des législatives. « Ces élections n'ont pas de sens, elles sont fichues d'avance. Il a dissous le principal parti d'opposition et réparti ses sièges à de petits partis qui n'en avaient remporté aucun en 2013. Nous voulons des élections libres ni plus ni moins, nous demandons aussi la libération de Kem Sokha, le président du Parti du sauvetage national, et le rétablissement du parti », poursuit Vandy Kang.
Kem Sokha, l'un des chefs de l'opposition cambodgienne, a été arrêté en septembre dernier et emprisonné pour « trahison et espionnage ». Son parti avait été dissous peu après son arrestation.
Plus de 5 000 conseillers municipaux et anciens députés de l'opposition cambodgiens ont été privés de leur droit de vote. En Australie, les manifestants ont demandé aux pays qui aident le Cambodge de faire pression sur Hun Sen. L'Union européenne a déjà suspendu son aide à l'organisation du scrutin.