Macron en Inde: les défis et les limites de la nouvelle Alliance solaire

Ce dimanche 11 mars, le président français Emmanuel Macron inaugure à New Delhi avec le Premier ministre indien l'Alliance solaire internationale. Cette nouvelle organisation basée en Inde a pour mission de rassembler tous les pays qui se trouvent sous les tropiques et de servir de plateforme pour les aider à accéder à cette énergie solaire. Cependant, cette institution inédite en son genre doit encore faire ses preuves, si elle veut attirer les capitaux privés nécessaires.

Avec notre correspondant à New Delhi,  Sébastien Farcis

L’un des grands principes de l'Alliance solaire est de regrouper les besoins des dizaines de pays membres afin de passer des commandes communes et de faire baisser leur prix. C'est notamment ce que l'Inde propose en lançant un appel d'offres pour 500 000 pompes à eau solaires, couvrant les besoins de plusieurs pays asiatiques et africains.

Démarche sensée, mais difficile à appliquer, comme l'explique Vinay Rustagi, directeur du cabinet de consultant en énergies renouvelables, Bridge to India. « Les standards et besoins techniques de chaque pays sont très différents, de même que la manière de faire des affaires et de gérer les chaines d'approvisionnement. Donc les entreprises indiennes vont être réticentes à participer à des appels d'offres en faveur de différents pays d'Afrique ou d'Amérique Latine. »

Pour ce spécialiste, cette nouvelle Alliance solaire peut par contre aider à améliorer la technologie des panneaux. « La plupart de cette technologie est développée en Occident et pour l'Occident, où il y a un climat froid et un air pur. Et donc ces panneaux sont moins performants en Inde où l'air est pollué, poussiéreux et où il fait très chaud. Il faut donc que la technologie solaire soit adaptée aux pays africains et asiatiques et l'Alliance solaire doit jouer un rôle dans cette innovation », estime Vinay Rustagi.

L'objectif affiché de l'Alliance est de lever 800 milliards d'euros de fonds d'ici à 2030 pour l'investissement et la recherche.

« Une idée simple mais puissante »

Envoyée spéciale pour la mise en œuvre de l'Alliance, Ségolène Royal estime que l'idée motrice est à la fois « très simple mais très puissante ». « 121 pays ont décidé de se mettre ensemble pour faire des commandes, c’est-à-dire faire baisser les prix de l’énergie solaire et pouvoir équiper les pays les plus pauvres de la planète, résume-t-elle. Et donc ce sommet va permettre le lancement des projets opérationnels. Une centaine de projets ont été identifiés. »

Pour Ségolène Royal, il s'agit avant tout de lutter contre un déséquilibre absurde. « Au fond, il y a un grand paradoxe qui est que les pays les plus pauvres de la planète sont à la fois les plus ensoleillés et ceux qui ont le moins accès à l’énergie. Donc c’est un contraste qui n’est plus supportable. Et on sait que c’est l’accès à l’énergie solaire qui permettra l’accès au développement. »


Des villes-pilote en matière de changement de source d’énergie

Une dizaine de chefs d’Etat africains parmi lesquels, le Rwandais Paul Kagamé, également président en exercice de l’Union africaine, le Gabonais Ali Bongo Odimba ou encore le Nigérien Mahamadou Issoufou, ont fait le déplacement à New Delhi pour rappeler l’importance de l’accès à l’énergie dans le développement de leur pays. La Camerounaise Celestine Ketcha Courtès figure également parmi les participants à ce sommet. Elle est maire de Bangangté, dans l’ouest du pays, et présidente du Réseau des femmes élues locales d’Afrique centrale. Elle explique, au micro de RFI, les raisons de sa présence.

► (Re) lire : Energie solaire en Inde: la révolution en marche

Partager :