Le parcours de Krishna Kumari Kohli, 39 ans, est hors du commun. Née dans une famille pauvre de dalits, dans un petit village de la province du Sindh, elle a connu très jeune l'esclavage. Pendant plus de trois ans, elle a été retenue avec sa famille et soumise a des travaux forcés sur une propriété.
Mariée à 16 ans, elle entame des études de sociologie. Krishna Kumari Kohli rejoint ensuite le Parti du peuple pakistanais (PPP) en tant que militante et s'engage à la protection des droits des communautés marginalisées, et surtout de l'éducation des filles.
Les hindoux représentent 2 % de la population du Pakistan, un pays de 217 millions d'habitants à majorité musulmane. Ils font face depuis longtemps à une discrimination économique et sociale. Le système de castes n'est appliqué dans le pays qu'au sein de la communauté hindoue.
La victoire surprise de Krishna Kumari Kolhi, élue par vote secret lors de ce scrutin indirect où seuls les membres des parlements de chaque province élisent leurs représentants à la chambre haute pakistanaise, a suscité une vague d'optimisme sur les réseaux sociaux. « Félicitations au PPP pour avoir choisi #KrishnaKohli... Notre parlement doit avoir des représentants de toutes les religions, classes et genres afin d'atteindre la vraie démocratie », a ainsi tweeté Jibran Nasir, un défenseur des droits humains.
Le PPP, le parti de l'opposition, avait déjà élu en 2009 un sénateur non-musulman issue de la caste des intouchables. Avec l'élection de Krishna Kohli, le nombre de sénateurs non-musulmans élus par le parti d'opposition s'élève à 6, un record dans l'histoire du Pakistan.