Avec notre correspondante à Rangoon, Sarah Bakaloglou
Pendant des années, Bo Bo, un activiste birman, a défendu publiquement la prix Nobel de la paix. Il l'a défendue lorsqu'elle était en résidence surveillée, puis lorsqu'elle est entrée au Parlement. Mais aujourd'hui, il dénonce la rupture d'Aung San Suu Kyi avec la société civile.
« Avant, elle était accessible, maintenant elle ne lui parle plus. Pour construire la paix dans notre pays, on a besoin de la société civile. On a beaucoup de lois répressives dans notre pays, et depuis que la NLD est au pouvoir, elle utilise toujours ces lois répressives. Elle en a même créé d'autres qui limitent la liberté d'expression », critique-t-il.
Bo Bo le reconnaît, les défis sont nombreux et la marge de manoeuvre de la conseillère d'Etat birmane faible. Mais pour Khin Sandar, activiste originaire de l'Etat de l'Arakan, la prix Nobel de la paix a changé depuis son arrivée au pouvoir.
« Je l'aimais beaucoup avant. Maintenant, je suis méfiante de sa vision de construction le pays. Par exemple, elle a dit que la Constitution allait être changée ; depuis, c'est le silence. Elle est devenue une politicienne. Elle marchande avec les militaires, joue à des jeux politiques. Je ne la vois plus comme une icône de la paix », reproche-t-elle. Les militaires dont parle Khin Sandar restent très présents dans le pays. Ils sont à la tête de trois ministères clés, et 25 % des sièges du Parlement leur sont garantis.
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