Avec notre correspondant à Tokyo, Frédéric Charles
Cette victoire donne à Shinzo Abe quatre années de pouvoir supplémentaires pour tenter de réviser la Constitution pacifiste, écrite d'une main américaine à la fin de la Seconde Guerre mondiale. Le Premier ministre espère ainsi rendre au Japon « sa grandeur et sa souveraineté » en réformant l'article 9 de la Constitution, qui ne reconnait pas l'existence de l'une des armées les plus modernes au monde, et lui interdit le recours à la guerre pour résoudre des conflits. « Aujourd’hui, les forces armées existent, elles s’appellent des forces d’autodéfense. Mais en revanche, constitutionnellement, elles n’existent pas. Shinzo Abe veut donc adapter la Constitution à la réalité de la défense japonaise », explique Valérie Niquet, responsable du pôle Asie de la Fondation pour la recherche stratégique.
Shinzo Abe a déjà réinterprété la Constitution votée en 1946 sous l'occupation américaine pour permettre aux forces japonaises de participer à des opérations à l'étranger aux côtés des Etats-Unis. Au pouvoir depuis cinq ans, le chef du gouvernement n'a cependant pas réussi, jusqu'ici, à persuader les Japonais de réviser la Constitution malgré une « super majorité » des deux tiers des sièges à la chambre basse du Parlement, et en dépit de la menace nord-coréenne.
Shinzo Abe, proche d'une droite nationaliste et révisionniste, n'est pas populaire. Une moitié des Japonais tiennent toujours à leur Constitution pacifiste. A leurs yeux, elle empêche leurs dirigeants de céder à la tentation de la guerre. De plus, l'analyse des résultats de ces élections a mis en évidence un fort taux d'abstention et une opposition faible et morcelée qui ont profité à la coalition au pouvoir.
Concernant la Corée du Nord, Shinzo Abe veut renforcer l'alliance avec les Etats-Unis. Très proche de Donald Trump, qui viendra à Tokyo début novembre, le Premier ministre japonais n'exclut pas, si nécessaire, l'option d'une intervention militaire. Pour sa sécurité, le Japon dépend du parapluie nucléaire américain.