Avec notre correspondante à Melbourne, Caroline Lafargue
De l'argent en échange du silence. Le gouvernement australien et les deux sociétés privées qu'il emploie pour surveiller et administrer le centre de détention de Manus acceptent de verser environ 47 millions d'euros de compensations à 1 905 migrants.
En échange, les réfugiés abandonnent toute poursuite contre l'Etat australien. Depuis près de deux ans, leurs avocats avaient pourtant amassé des centaines de témoignages faisant état des violences subies par les détenus du centre de Manus : entre autres le meurtre d'un demandeur d'asile par un gardien lors d'une émeute et des agressions sexuelles et physiques de la part de l'encadrement du camp, ainsi qu'un défaut de prise en charge médicale adéquate. L'Australie se fait régulièrement tancer par l'ONU pour son traitement des réfugiés.
Le gouvernement sort donc son carnet de chèques pour indemniser les migrants, mais ce n'est en aucun cas un « aveu de responsabilité », martèle le ministre de l'Immigration Peter Dutton, qui nie toutes les accusations contenues dans le dossier.
Pour les migrants et les associations australiennes qui les soutiennent, ce règlement à l'amiable est une victoire éclatante, mais le problème de Manus demeure. Il reste encore 900 hommes dans le centre de détention et leur avenir est incertain. Le centre devrait fermer en octobre prochain et l'Australie refuse d'accueillir ces migrants sur son sol.