Avec notre correspondant à Islamabad, Michel Picard
Au moins quatre militants des droits de l’homme, connus pour leurs prises de position contre l’armée ou le gouvernement, ont disparu la semaine dernière. Certains enlevés en pleine ville, d’autres dont on est simplement sans nouvelles. Leur point commun : animer des forums, des blogs ou être très actifs sur les réseaux sociaux.
Lors du rassemblement dans la capitale, des bougies à la main, de nombreux membres de la société civile sont venus dénoncer une nouvelle étape dans ce qu’ils qualifient de «censure», comme la féministe Farzana Bari. « C’est une tactique utilisée contre les militants des droits de l’homme et contre les blogueurs qui parlent de démocratie ou de justice sociale. C’est une tendance très très alarmante », assure-t-elle.
En ligne de mire, les services de l’Etat, prompts à réagir face aux voix qui dérangent. Usmane est venu protester car les réseaux sociaux sont pour lui l’un des rares terrains de liberté. Et il craint de voir ce champ lui aussi verrouillé. « Je crois que le gouvernement essaie de faire ce qu’il a déjà fait avec les journaux papier ou en ligne. Ils essaient de faire en sorte que les individus se censurent eux-mêmes sur les réseaux sociaux », nous explique-t-il.
Les agences de renseignements sont depuis longtemps soupçonnées au Pakistan de procéder à des détentions arbitraires, voire de participer à des disparitions jamais résolues. En attendant, les familles d’Asim, Ahmad, Salman et Ahmed sont toujours sans nouvelles de leurs proches depuis les 4 et 7 janvier.