Avec notre correspondant à Tokyo, Frédéric Charles
Shinzo Abe reçoit Vladimir Poutine dans la sérénité d’un onsen, une source d’eau chaude connue pour ses vertus curatives. Il espère que dans les effluves de soufre, la vapeur de ces bains célestes à ciel ouvert, Vladimir Poutine se laissera aller au plaisir d’être là et rendra au Japon deux des quatre îles des Kouriles du Sud, saisies par l’armée rouge deux semaines après la capitulation du Japon en 1945.
En échange, le Japon offrira à la Russie technologies et capitaux pour développer son extrême-orient, colonisé par les marchands chinois. Poutine redoute cette migration chinoise. Plus de 100 millions de Chinois vivent le long de la frontière avec la Russie. Shinzo Abe perçoit la Chine comme une menace et craint que le rapprochement entre la Chine et la Russie ne se transforme en une alliance. D’où sa volonté de signer un traité de paix avec la Russie.
Ce sommet dans une source d’eau chaude ne suffira pas hélas à faire soupirer d’aise Vladimir Poutine. Ses généraux ne veulent pas céder du territoire après avoir annexé la Crimée et neutralisé l’Ukraine. Vladimir Poutine notera que Shinzo Abe est prêt à froisser son protecteur américain pour faire la paix avec la Russie.