Avec notre correspondante à Shanghai, Angélique Forget
A l'entrée de la cafétéria, deux gardiens scrutent les plateaux des clients. M. Sun 71 ans est un habitué des lieux. Mais aujourd'hui, un simple café ne suffit plus, il est obligé de s'acheter à manger. « Moi ça fait cinq ans que je viens tous les mardis et les jeudis ! Avec mes amis on se réunit ici parce qu'on n'a pas d'autres endroits où se retrouver et maintenant Ikea nous force à consommer ! » s’insurge-t-il.
Une réglementation que certains estiment discriminante à l'égard des personnes âgées. La Chine manque d'infrastructures pour faire face au vieillissement de sa population et les retraités se sentent de plus en plus délaissés, comme M. Li, 67 ans. « Je me sens seul et je n'ai rien à faire. Je ne peux même pas travailler, je suis trop vieux, personne ne veut m'embaucher. Il y a bien des salles de jeux pour personnes âgées où on peut jouer au majong, mais moi, je n'aime pas ça », explique-t-il.
Pour 1 000 seniors, la Chine ne compte que 25 places en maison de retraite. Alors une loi oblige les enfants à s'occuper de leurs parents. Mais M. Gu qui vit avec son père trouve cela injuste. « Tout le monde ne peut pas faire comme moi. Il y a plein d'enfants qui vivent dans les grandes villes et leurs parents sont restés dans leur région d'origine. C'est à l'Etat de construire des structures, comme des maisons de retraite par exemple. Les enfants eux doivent pouvoir avoir le choix », estime-t-il.
Et d'ici 2030, les personnes âgées représenteront un quart de la population chinoise.