Avec notre correspondante à Kaboul, Sonia Ghezali
Une falaise couleur sable d'une dizaine de mètres de hauteur. C'est devant ces immenses cavités où logeaient les bouddhas détruits par les talibans il y a 15 ans que lemarathon de Bamiyan est donné.
A 18 ans, Samana, originaire de Kaboul, est l'une des 15 femmes qui participent cette année. Elles n'étaient que trois l'an passé. « Je suis tellement contente d'être là. C'est difficile parce que je suis toute seule, à cause de l'insécurité. Mes parents me soutiennent mais m'ont dit de faire très attention », confie la jeune femme.
Ouvrir la porte à d'autres filles
La question sécuritaire est omniprésente, même si la région est réputée comme l'une des plus sûres du pays - mais aussi l'une des plus belles. Najibullah, lui, compte bien en profiter : « Quand je cours, j'écoute de la musique et je regarde les montagnes qui sont parfaites. Certaines sont enneigées... et à droite, sur le côté, il y a une rivière. C'est magnifique », explique-t-il.
Sur la ligne de départ à 2500m d'altitude, il fait 2°C. Dossard blanc, tshirt à manche longue turquoise et léger foulard marron sur les cheveux, Kubra est à la recherche de sa partenaire de course, elles vont courir ensemble. « Nous prenons des risques, parce que les gens ne sont habitués à voir des femmes courir. Quand je m'entraine, il m'arrive d'être harcelée, d'être frappée, mais je continue, je m'accroche pour que cela ouvre les portes à d'autres filles », affirme-t-elle fièrement.
Unique course mixte du pays
Charlie a fait des milliers de kilomètres pour être là. Après avoir couru le marathon de Pyongyang, en Corée du Nord, le voici à Bamiyan. Un défi sportif mais pas seulement pour ce trentenaire britannique amputé de la jambe droite.
« Dans ces pays où il y a peu de libertés pour les personnes, je voulais faire ces marathons car pour moi c’est la liberté », raconte-il.
Un sentiment de liberté que les coureurs vont aller chercher jusqu'à 3 000 mètres d'altitude, le point culminant de cette épreuve unique en Afghanistan.