Avec notre correspondante à Pékin, Heike Schmidt
Le jour de la manifestation des vétérans, Yang a tenté de rejoindre ses anciens camarades. En vain, la police l’a éloigné de force.
« Je me suis engagé dans l’armée en 1976, j’étais cadre administratif du régiment, raconte l'ancien soldat. Quand j’ai quitté l’armée, c’est moi-même qui ai trouvé un boulot. Avant, on accordait des places dans les usines de l’Etat aux vétérans, mais après l’ouverture de la Chine, beaucoup d'usines ont fermé et les anciens militaires se sont retrouvés au chômage, dépendants de leurs enfants. Notre situation est choquante pour les jeunes qui s’engagent dans l’armée. »
Cet homme de 59 ans ne critique pas les réformes menées par le pouvoir central. Il accuse les gouvernements locaux de corruption, avides de placer d’abord leurs proches avant de procurer des emplois aux anciens soldats.
« Nous avons répondu à l’appel de l’armée pour défendre la patrie. On a des mutilés de guerre parmi nous. Mais aujourd’hui, notre pays nous abandonne. Il nous a trahis. Pourtant, il faut manger, nous avons besoin d’une pension et d' une assurance maladie. Je regrette d’avoir obéi à l’appel, nous sommes les oubliés de l’armée. Le gouvernement ne me donne jamais le moindre sou », ajoute Yang.
Ce vétéran désespéré a préféré rester anonyme, à juste titre. Peu après notre passage, la police est venue l’interroger à son domicile. La réforme de l’Armée populaire de libération est décidément un sujet extrêmement sensible.
Dans un communiqué transmis à Agence France-Presse, le ministère de la Défense a promis que les difficultés des vétérans seraient « progressivement résolues ».
A (re) lire → La Chine montre ses muscles mais réduit son armée