Inde: un rapport pointe les mauvaises conditions de travail des cueilleurs de thé

Avec leurs noms exotiques, les thés Darjeeling ou Assam renvoient à des régions précises d'Inde où poussent ces feuilles de thé. Le sous-continent est en effet le deuxième producteur juste derrière la Chine. Environ 3,5 millions de personnes travaillent à la cueillette du thé dans les champs dans des conditions difficiles, voire inhumaines, selon un rapport indépendant.

Avec notre correspondant à New Dehi, Sébastien Farcis

Les deux ONG à l'origine de ce rapport, Global Research et The India Committee For the Netherlands, se sont penchées sur deux grandes plantations, qui emploient des milliers de travailleurs dans la pointe sud de l'Inde. Et révèlent que les patrons ne respectent pas le droit du travail.

Ces derniers recourent par exemple de manière excessive à des travailleurs temporaires, qui ne reçoivent quasiment aucun avantage social, tels que l'assurance de santé, la contribution pour leur retraite ou la crèche de leurs enfants. Ces plantations, qui vendent du thé à la marque Unilever par exemple, comptent pourtant parmi les plus éthiques, car elles sont soumises aux inspections de l'organisation de contrôle Rainforest Alliance.

Dans le reste du pays, les conditions de ces travailleurs sont bien pires, particulièrement dans le nord-est du pays, dans l'Etat de l'Assam, où est produit la moitié du thé indien, et un sixième du thé mondial. Plus d'un million de personnes y travaillent dans des conditions souvent décrites comme féodales, qui ont peu changé depuis l'époque coloniale.

Perpétuation de la dépendance

Les récolteurs manuels, qui touchent le salaire minimum légal d'1,70 euro par jour, doivent vivre à l'intérieur de la plantation et les propriétaires sont censés leur fournir, en contrepartie, un logement décent et la scolarisation de leurs enfants. Mais cela est loin d'être le cas, comme l'a révélé une étude de l'Université américaine de Columbia, rendue publique il y a deux ans. Ce rapport a secoué le monde fermé des planteurs de thé, dans lesquelles peu de choses se savaient jusqu'à présent.

D'après les militants, les propriétaires ont commencé à fournir des équipements de protection aux travailleurs quand ils aspergent les plants de pesticides. Mais les problèmes de fond demeurent. Les propriétaires déduisent souvent les coûts de crèche ou de logement du salaire déjà maigre des employés et ne paient pas le jour de repos du dimanche. Les maisons n'ont pas toujours de toilettes et les travailleurs ont du mal à accéder à de l'eau potable quand ils travaillent.

Ces conditions d'exploitation font qu'un grand nombre de ces employés souffrent de malnutrition et sont obligés de faire travailler leurs enfants pour augmenter leurs revenus. Ce manque d'alternative qui perpétue leur situation de dépendance envers les propriétaires des plantations.

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