Avec notre correspondant à Rangoon, Rémy Favre
Aung San Suu Kyi veut satisfaire Pékin sans décevoir son peuple. Une mission très délicate. Depuis plusieurs mois, le pouvoir chinois fait pression sur le nouveau gouvernement birman pour relancer le projet de barrage de Myitsone, au nord de la Birmanie, un projet hydroélectrique de près de 4 milliards de dollars d’investissements, avec à la clé 6 000 mégawatts, en priorité destinés à la province chinoise du Yunnan.
Aung San Suu Kyi ne peut pas ignorer cette pression, l’économie de son pays dépend en grande partie des investissements chinois. La réussite du processus de paix, qu’elle relance en ce moment en Birmanie, dépend aussi de la bonne volonté du puissant voisin.
Délai de réflexion
Mais voilà, la population birmane est farouchement opposée à ce projet de barrage. Des manifestations sont régulièrement organisées.
Aung San Suu Kyi est donc tiraillée. Elle va devoir choisir, satisfaire soit Pékin, soit son peuple. Elle s’est donnée trois mois pour étudier les impacts du barrage de Myitsone, une manière pour Aung San Suu Kyi de différer sa décision, pour ne pas faire échouer cette semaine sa visite historique en Chine.
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