Pokémon Go est un jeu vidéo en « réalité augmentée », ce qui signifie qu'il utilise la caméra de votre smartphone et affiche sur votre écran, superposés au décor qui vous entoure, de petits monstres colorés qu’il faut attraper. Il se joue donc à l’extérieur. Pokémon Go rencontre un succès phénoménal à travers toute la planète, où il est progressivement distribué, pays après pays.
Le jeu n’est pas sorti en Corée du Sud car l’application fonctionne grâce aux cartes Google et celles-ci sont sévèrement limitées par le gouvernement pour des raisons de sécurité : les deux Corées sont toujours techniquement en guerre, et Séoul exige – entre autres - que Google floute certaines zones militaires sensibles.
Pokémon Go ne fonctionne donc pas en Corée sauf à Sokcho ! Cette paisible bourgade située tout près de la Corée du Nord a été incluse, par erreur, dans une zone autorisée. Et c'est une véritable aubaine pour la ville, qui voit affluer des milliers de chasseurs de Pokémon !
Les réservations d’hôtel ont été multipliées par quatre, les agences de voyages offrent des packages Pokémon, et les restaurants de la ville ont déployé des banderoles assurant aux joueurs qu’ils peuvent recharger leurs batteries dans leur établissement.
Le maire en profite pour développer le tourisme Pokémon : il pose dans la presse à côté d’une photo de Pikachu – l’un des personnages du jeu. Il a diffusé une vidéo Facebook où il attrape un Pokemon. Il a aussi promis d’augmenter les points wifi gratuits et les bornes de recharge de batterie dans sa ville, sans oublier, bien sûr, de conseiller aux joueurs de goûter le calamar farci, la spécialité culinaire de Sokcho. Enfin, la police locale a augmenté les patrouilles, pour prévenir les accidents de joueurs qui marchent le nez dans leur smartphone tout autour de la ville !
Cet engouement suffira-t-il pour autoriser le jeu en Corée ?
Selon l’agence de presse Yonhap, plus d’un million de Coréens auraient déjà réussi, par des moyens détournés, à télécharger un jeu qui n’est pourtant pas encore distribué dans le pays ! Mais il n’est pas sûr que ce lobby des joueurs de Pokémon aura une influence sur la décision du gouvernement, qui doit annoncer le mois prochain s’il autorisera ou pas Google à se servir des cartes sud-coréennes.
Conscient de l’importance de l’enjeu, le ministère du territoire s’est en tout cas déjà fendu d’un rarissime communiqué d’explications concernant les Pokémons. En attendant la décision, la ville de Sokcho continue de faire des affaires.