Avec notre correspondante à Phnom Penh, Anne-Laure Porée
Les photos des représentants des droits de l'homme mis en garde à vue par l'unité anti-corruption du gouvernement font la Une des journaux. Ils sont accusés d'avoir incité Srey Mom, une coiffeuse de 25 ans, à nier, pendant plusieurs semaines, sa liaison avec Kem Sokha, le numéro 2 de l'opposition.
L'affaire remonte à début mars, lorsque des conversations téléphoniques ont été divulguées sur le compte Facebook piraté de la jeune femme. Dans ces échanges, Kem Sokha aurait promis à Srey Mom de l'argent et une maison. Très vite, l'unité anti-corruption et même l'unité anti-terrorisme s'emparent de cette discussion privée pour en faire une affaire politique.
L'unité anti-corruption lance une enquête et assure avoir authentifié les voix, mais elle n'explique pas comment. Elle n'étaye pas les preuves de corruption, mais déclare que les écoutes sont légales. Les organisations des droits de l'homme dénoncent des inculpations vagues, une logique opportuniste plutôt que légale et une stratégie grossière. Mais l'action leur fait l'effet d'un glaçon.
Au Cambodge, cette affaire est interprétée comme une nouvelle vague d'intimidation du pouvoir pour affaiblir l'opposition à un an des élections communales et pour mettre au pas la société civile.