Tout s'est passé le 9 février dernier. Un mouvement étudiant proche des maoïstes voulait organiser un rassemblement en l'honneur d'Afzal Guru, un séparatiste du Cachemire qui a été condamné et récemment exécuté pour son implication dans l'attaque du Parlement en 2001. Un jugement décrié par cette organisation de gauche.
Mais quelques minutes avant la manifestation et après les pressions d'un syndicat d'étudiants nationalistes hindous liés au parti au pouvoir dans le pays, la direction de l'université a demandé d'annuler l'événement, par peur d'affrontements. Et en effet, sur place, la tension est montée, des slogans ont été lancés des deux côtés. Certains auraient alors réclamé la « libération » du Cachemire, une région disputée avec le Pakistan. Et ce sont ces propos qui ont été considérés comme séditieux.
Forte contestation autour de ces propos
La clameur s'est alors déclenchée. Les protestataires estiment qu'il est improbable que ce soit ce président de l'association des étudiants qui ait prononcé ces propos, mais plutôt des membres du syndicat maoïste. Il pourrait donc y avoir une erreur sur la personne. En accusant cette personnalité d'un crime aussi grave, c'est toute la faculté qui se sent attaquée. Or l'université Nehru est de gauche, c'est l'un des derniers bastions de résistance à la percée actuelle des nationalistes hindous. Ces derniers cherchent donc à la décrédibiliser en l'accusant d'être un nid de militants « anti-patriotiques ». Un terme qu'ils utilisent très largement, pour réprimer toute personne qui critique la domination hindoue de l'Inde, les abus de l'armée ou remet en question le jugement d'un séparatiste.
Enfin, l'utilisation de cette loi antisédition par la police est également polémique. Cet article, introduit il y a 150 ans par les colons britanniques pour réprimer les indépendantistes, apparaît obsolète pour beaucoup. Et cette clause sévère est, du reste, souvent utilisée pour faire taire toute contestation ou limiter la liberté d'expression.
La justice prolonge la détention
Aujourd'hui, l'étudiant accusé a été entendu par la Cour, qui a décidé de son maintien en détention jusqu'au 2 mars. Cette décision aura un très fort impact, car la majorité des étudiants et professeurs de l'université Nehru sont en grève depuis deux jours pour demander sa libération, et une quarantaine d'autres facultés dans tout le pays ont exprimé leur solidarité avec ce mouvement.