Un reportage à Pékin de notre correspondante, Heike Schmidt
Alerte orange à la pollution à Pékin : le soleil se cache derrière un voile grisâtre, l’air est saturé d’une forte odeur de charbon. Emmitouflée dans son anorak rouge et sans masque de protection, Madame Chen nous propose une partie de tennis de table, malgré tout : « Pourquoi se protéger tant qu’on est en bonne santé et qu’on fait du sport ? Je viens ici pour jouer au tennis de table, pour danser et faire du Tai-chi. »
La vieille dame fait fi des mises en garde de la municipalité. Tout comme ce brocanteur venu vendre quelques bibelots dans le parc public : « Je porte juste un masque bon marché, je n’ai pas les moyens pour en acheter un plus efficace. Beaucoup de gens souffrent de maladies à cause de la pollution, mais qui a assez d’argent pour se soigner ? La pollution est un sujet important pour toute la planète. Notre président Xi est à Paris. Il doit aider à résoudre ce problème ! »
L’indice de qualité de l’air est de 608 microparticules par mètre cube d’air, soit 24 fois au-dessus du seuil recommandé par l’Organisation mondiale de la santé. « Tous les jours, nous recevons ces alertes sur nos téléphones ! Mais c’est inutile. Qui irait dehors si ce n’était pas indispensable pour gagner de l’argent ? »
Avec ses 81 ans, Chao Fengyun fait partie des personnes vulnérables, mais il est hors de question pour elle de rester cloitrée à la maison : « Je n’ai plus peur de la pollution. Mais quand j’étais jeune, l’air était si bon à Pékin. Jamais, nous n’avons eu des jours comme aujourd’hui. » Tous attendent le vent venant du nord pour chasser la pollution loin de Pékin.