Vanuatu: le président du Parlement arrêté pour s'être autoamnistié

Histoire incroyable au Vanuatu. Cet Etat de 81 îles perdues au milieu du Pacifique Sud. La semaine dernière, le président du Parlement avait profité d’un voyage à l’étranger du président de la République pour s’accorder une amnistie dans une affaire de corruption et gracier 13 autres élus. Seulement, le président Baldwin Lonsdale est rentré et il a fait arrêter ce vendredi 16 octobre le président du Parlement et 11 des élus.

« En l’absence du chef de l’Etat, c’est moi qui bénéficie de ses pouvoirs », expliquait Marcellino Pipite il y a quelques jours avant de signer les décrets de grâce. Il y a une semaine, la Cour suprême avait reconnu le président du Parlement et treize autres députés coupables de corruption. Des députés de l’opposition ont versé l’an dernier l’équivalent de 280 000 euros à leurs collègues de la majorité.

Marcellino Pipite, qui risque jusqu’à dix ans de prison, tente donc de glisser entre les mailles du filet. Il explique qu’avec cette autoamnistie, il œuvre pour le « maintien de la paix et de l'unité dans le pays », que si il est condamné le gouvernement tombera, plongeant le pays dans le chaos. Des arguments qui ne convainquent pas le président Baldwin Lonsdale revenu en urgence et furieux des îles Samoa. Il promet de « faire le ménage » et a annulé les grâces, citant entre autres l’obligation constitutionnelle pour les élus d’éviter les conflits d’intérêts.

La police a donc arrêté ce vendredi douze des élus. Parmi eux, quatre ministres qui sont démis de leurs fonctions. Deux ex-amnistiés restent en liberté. Ils n’auraient pas fait pression pour bénéficier de grâce. Parmi eux, le vice-Premier ministre Moana Carcasses. Les peines pour corruption seront donc prononcées comme prévu jeudi 22 octobre. Mais selon l’agence locale Pacnews, les 14 députés sont désormais aussi poursuivis pour conspiration visant à pervertir le cours de la justice.

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